Une centaine de places réquisitionnées au fort militaire de Nogent-sur-Marne et 30 mobile homes bientôt installés à Ivry-sur-Seine : le gouvernement, face aux SDF, c'est l'imagination au pouvoir ! Mais cette décision qui vient après trois mois de crise sur le canal Saint-Martin montre l'urgence des besoins plus qu'elle n'y répond.

La loi votée la semaine dernière, sur le droit au logement opposable prévoit en effet - c'est une bonne nouvelle - de ne pas renvoyer à la rue les SDF accueillis en centre d'urgence. Exit la spirale infernale des appels au 115 pour obtenir une place, et le même cirque qui recommence le lendemain.

Désormais, les SDF qui le souhaitent resteront hébergés en centre d'urgence, jusqu'à ce qu'une solution "stable" leur soit proposée en résidence sociale ou ailleurs. Du moins, en théorie. Car, pour ça, il faudra des places, beaucoup de places. Et il en manque, surtout à Paris. Le cabinet de la sous-ministre Catherine Vautrin évoque seulement l'ouverture de quelques centres à partir du mois de mars.

Où sont passées les 27 000 places promises par Super-Borloo en janvier dernier ? Une partie d'entre elles (9 000) correspond à des maisons-relais qui ne sortiront pas de terre avant deux ou trois ans, à condition que le financement suive... Pour le reste, peu de créations : "On va surtout ouvrir les centres d'urgence 24 heures sur 24 ou les transformer en centres de ré-insertion, souligne Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion. C'est une bonne chose, mais cela implique de redessiner les lieux, avec des espaces de vie, ce qui diminue la capacité d'accueil." Au pire, il restea toujours les mobile homes, ni très "home" ni très "mobiles", d'ailleurs...