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L'assassinat d'un Tchétchène gêne Vienne

Libération, le 24 février 2009
   

Un Tchétchène, recherché pour le meurtre à Vienne d'un opposant au régime pro-Kremlin du président Ramzan Kadyrov, a été arrêté vendredi en Pologne, où demeure une forte communauté de réfugiés de cette république russe du Caucase du Nord. Turpal Ali J., 31 ans, est, selon Vienne, «un des deux principaux suspects» dans le meurtre d'Oumar Israïlov, tué le 13 janvier. «Sans doute pas le tireur» mais son acolyte, a-t-on précisé.

Cet assassinat fait scandale car Israïlov craignait pour sa vie et avait demandé en vain la protection de la police autrichienne. Celle-ci, explique le chef de la police viennoise, n'avait alors identifié «aucune menace concrète», une évaluation qui était manifestement «erronée», a-t-il reconnu. Oumar Israïlov se disait pourtant observé et suivi. Il a été abattu par deux hommes alors qu'il sortait d'un magasin près de chez lui. Sa famille entend désormais poursuivre la police qui ne l'a pas protégé. Car celle-ci a reconnu avoir été contactée en juin par un homme, désigné sous le nom d'Arbi par l'hebdomadaire autrichien Falter, qui prétendait avoir été chargé d'assassiner le réfugié de 27 ans.

Plainte. Demandeur d'asile depuis 2006, Israïlov avait porté plainte la même année contre la Russie devant la Cour européenne des droits de l'homme pour tortures. Il avait aussi entamé une procédure en juin en Autriche contre le président tchétchène prorusse, Ramzan Kadyrov, qui était attendu dans ce pays pendant l'Euro de foot mais avait annulé sa visite. Le droit autrichien permet de poursuivre une personne pour tortures si son pays a manqué de le faire.

Pour le protégé de Poutine, Israïlov était un témoin gênant. Ancien membre de la guérilla indépendantiste, il avait été arrêté en 2003 et torturé, y compris par Kadyrov en personne. Il avait fini par rejoindre sa garde personnelle avant de s'enfuir à l'étranger. Il était donc une des rares personnes à pouvoir décrire de l'intérieur les mauvais traitements appliqués par les hommes de Kadyrov à ses opposants et rivaux.

Rivaux. Ces révélations mettent à mal l'image de bâtisseur qu'aime à se donner l'homme fort de Grozny. Ses rivaux succombent brutalement, comme l'ex-vice-maire de Moscou, Gilani Chepiev, tué en janvier, ou Rouslan Iamadaïev, le frère du chef d'une autre milice cruelle, Vostok, abattu à Moscou l'an dernier. Ceux qui l'ont le plus critiqué disparaissent aussi, comme la journaliste Anna Politkovskaïa ou l'avocat Stanislav Markelov. Rien d'étonnant à ce que le plus éminent des réfugiés tchétchènes, Akhmed Zakaïev, ex-responsable séparatiste des Affaires étrangères, en exil à Londres, ait repoussé ce mois-ci la proposition de Kadyrov de rentrer en Tchétchénie.

Un suspect arrêté pour le meurtre d'un opposant tchétchène à Vienne

Le Monde, le 24 février 2009

La police autrichienne a annoncé, lundi 23 février, l'arrestation en Pologne d'un Tchétchène soupçonné d'avoir participé au meurtre, le 13 janvier à Vienne, de l'opposant tchétchène Oumar Israïlov, tué par balles en plein jour dans la capitale autrichienne. Le suspect, Turpal Ali J., arrêté il y a quelques jours dans un hôtel non loin de Varsovie était sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par Vienne dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'Oumar Israïlov. Il va être extradé.

Réfugié en Autriche depuis 2006, Oumar Israïlov était un témoin clé dans une affaire de tortures mettant en cause Ramzan Kadyrov, l'homme lige du Kremlin en Tchétchénie. D'abord membre de la guérilla antirusse, puis intégré de force dans les milices de Kadyrov, il avait été détenu des mois en 2003 dans une des prisons personnelles du chef tchétchène prorusse et torturé de ses mains, selon ses affirmations. Son témoignage était essentiel pour nourrir la plainte déposée à Vienne en juin 2008 contre Ramzan Kadyrov par le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR), une ONG sise à Berlin.

Selon le dossier établi par le Centre, Oumar Israïlov décrit Ramzan Kadyrov comme un "sadique" , qui venait se divertir le soir dans un centre sportif transformé en prison dans son village de Tsentoroï. Il décrit une séance de torture : "Kadyrov a tourné la manivelle et m'a électrocuté. (...) Le courant me soulevait. Kadyrov rigolait. Il a répété cette procédure plusieurs fois."

Peu avant sa mort, Oumar Israïlov avait confié son témoignage au quotidien américain New York Times. Avant publication, l'auteur de l'article, Christopher Chivers, avait contacté le service de presse du président tchétchène, Ramzan Kadyrov, et celui du premier ministre russe, Vladimir Poutine, pour recueillir leurs réactions. C'était le 9 janvier. Le 13 janvier, Oumar Israïlov était tué.

Oumar Israïlov se savait en danger. Sept mois avant sa mort, il avait reçu la visite d'un émissaire de Ramzan Kadyrov, Artour Kourmakaev, dit Arbi, qui l'avait menacé de mort. Démasqué, Arbi avait ensuite fait des révélations à la police autrichienne et réclamé une protection. En réponse, il avait été renvoyé en Russie. Un autre Tchétchène, Moukhamadsalakh Massaev, détenu et torturé pendant des mois dans les geôles particulières de Ramzan Kadyrov en Tchétchénie, était venu de son village d' Itoum Kale à Moscou au printemps 2008 pour confier son récit au journal Novaïa Gazeta.

Le 10 juillet 2008, l'article était publié et M. Massaev rentrait chez lui. Personne ne l'a revu depuis.

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