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Russie : quatre ans et demi de camp pour un manifestant anti-Poutine

   
AFP, le 9 novembre 2012

Un opposant russe a été condamné à quatre ans et demi de camp vendredi pour des heurts lors d'une manifestation anti-Poutine, un verdict qui laisse présager des peines sévères pour 17 autres accusés, alors que ces poursuites sont dénoncées comme visant à dissuader toute contestation.

Maxime Louzianine a été condamné pour participation à des "troubles massifs" lors d'une manifestation contre le président russe Vladimir Poutine le 6 mai, qui avait dégénéré en heurts avec la police, et pour "violences à l'encontre de représentants du pouvoir". Le parquet avait réclamé 6 ans et demi de camp.

Ce trentenaire est le premier à être condamné parmi les 18 personnes accusées d'avoir participé à ces heurts, dont 13 ont été placées en détention préventive.

Sa condamnation semble augurer de peines sévères pour les autres inculpés, compte-tenu du fait qu'il est le seul à avoir pleinement reconnu sa culpabilité au cours de l'enquête.

L'avocat de M. Louzianine, Sergueï Chouchpanov, a reconnu que son client avait fait une victime: un policier qui a eu l'émail des dents abîmé. Mais M. Louzianine a déjà payé une compensation financière pour cela, a-t-il ajouté selon l'agence officielle Itar-Tass.

L'enquête a cependant établi que M. Louzianine avait aussi frappé d'autres policiers et même tenté d'effectuer un geste de strangulation sur un autre, selon Itar-Tass.

Lors de l'audience, M. Louzianine a ajouté que ses actions avaient été accomplies "sous le coup de l'émotion" et s'est excusé. Sa défense a annoncé qu'elle ferait appel.

"La sévérité de ce jugement m'a choqué. C'est un mauvais signe pour les autres", a estimé l'avocate Anna Savra, qui défend un autre accusé.

Le rassemblement du 6 mai sur la place Bolotnaïa à Moscou, à la veille de l'investiture à la présidence de Vladimir Poutine, avait dégénéré en heurts quand les forces de l'ordre avaient d'abord bloqué le défilé, puis entrepris de disperser les manifestants assis sur la chaussée.

Une trentaine de policiers et des dizaines de manifestants avaient été blessés. Des dirigeants de l'opposition, dont le libéral nationaliste Alexeï Navalny et le leader du Front de Gauche Sergueï Oudaltsov avaient alors été interpellés, avec quelque 400 militants de l'opposition, puis relâchés.

"Etant donné qu'on ne poursuit pas les policiers, je considère ce processus comme unilatéral et injuste", a estimé l'ancienne dissidente soviétique Lioudmila Alexeeva.

L'opposition voit dans ces poursuites une mesure destinée à dissuader toute nouvelle mobilisation après une contestation sans précédent contre le pouvoir russe et des manifestations de dizaines de milliers de personnes à Moscou depuis décembre 2011.

Jusqu'à présent, les manifestants arrêtés étaient généralement condamnés à un maximum de 15 jours de prison. Les autres personnes accusées d'avoir été impliquées dans les heurts avec la police risquent jusqu'à 10 ans de camp.

Plusieurs leaders de l'opposition sont aussi visés par des poursuites.

Ainsi, Sergueï Oudaltsov a été inculpé pour "préparation de troubles massifs", une accusation passible de dix ans de camp, suite à la diffusion d'un film par une chaîne pro-Kremlin affirmant, sur la foi d'images tournées en caméra cachée et d'origine non précisée, que lui et d'autres opposants, payés par l'étranger, se préparaient à renverser par la force le gouvernement.

Un de ses proches, Léonid Razvozjaev, également inculpé dans cette affaire, a affirmé avoir été kidnappé en Ukraine où il était venu demander l'asile politique, puis torturé et menacé de mort avant d'être ramené de force et clandestinement en Russie puis placé en détention à Moscou.

Plusieurs éléments semblent témoigner d'une sévérité accrue de la part du Kremlin face à toute contestation, comme la condamnation à deux ans de camp de deux membres du groupe punk Pussy Riot pour une prière anti-Poutine dans une cathédrale et l'adoption de plusieurs lois jugées répressives par l'opposition.



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