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La Russie tente de bâillonner les ONG d'opposition

   
Le Figaro, le 6 juillet 2012

Un projet de loi en cours d'adoption ostracise les défenseurs des droits de l'homme comme «agents de l'étranger».

Face à la contestation qui ne faiblit pas en Russie, le Kremlin désigne les coupables : les «ONG agents de l'étranger». Telle est l'étiquette infamante que le pouvoir russe a décidé d'accoler à une centaine d'associations financées, en tout ou partie, par des sources étrangères et qui militent en faveur des droits de l'homme.

Contrôlée par le parti majoritaire, Russie unie, et avec l'aide des députés nationalistes et communistes, la Douma a adopté hier en première lecture un projet de loi contraignant ces organisations, dès lors qu'elles «participent à une activité politique sur le territoire russe», à s'enregistrer sous ce qualificatif. Chaque trimestre, ces dernières devront présenter à l'administration un bilan comptable de leurs recettes et dépenses, respectivement financées sur fonds domestiques ou étrangers. Faute de quoi, elles s'exposeraient à des amendes allant jusqu'à 25.000 euros et leurs dirigeants à une peine maximale de 4 ans de prison. Les médias amenés à citer ces ONG seraient également contraints de mentionner leur statut.

Selon l'auteur du texte, Alexandre Sidiakin, les étrangers ont, «ces dernières années, investi 7 milliards de roubles dans les ONG russes (173 millions d'euros), dont la majeure partie est destinée à influencer la politique de notre pays». D'où la nécessité, selon lui, de réglementer leur activité. Plusieurs organisations écologistes, comme Greenpeace, sont également dans le collimateur. Le Parlement se justifie en expliquant que la Russie ne fait que copier le FRA américain (Foreign Agents Registration Act), voté en 1938. Il oublie de préciser que, depuis la fin du maccarthysme, la Maison-Blanche a abandonné toute chasse aux opposants politiques.

Aucun financement intérieur

«Le terme d' “agent étranger” étant associé aux espions, l'unique but de cette loi est de ternir l'image des militants russes des droits de l'homme, dont les organisations ne trouvent aucun soutien financier à l'intérieur du pays», dénonce Lilia Chibanova, directrice de Golos. Cette association a contribué à dévoiler les falsifications des récentes élections. Le texte «permettra, par une application arbitraire, de harceler toute ONG déplaisant au pouvoir», ajoutent dans une lettre ouverte les principaux défenseurs russes des libertés. Golos, tout comme la Fondation Memorial, qui enquête sur les crimes du stalinisme, la Fondation Helsinki ou le Centre Sakharov, ont annoncé leur refus de s'enregistrer sous cette étiquette.

Après avoir déjà limité le droit de manifester, le pouvoir russe semble engagé dans une course éperdue pour faire taire l'opposition.

 


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