AFP, le 21 octobre 2010
Les interdictions d'organiser des défilés de la Gay Pride opposées par les autorités moscovites à un militant russe pour les droits des homosexuels sont une discrimination et une atteinte au droit de réunion, a estimé jeudi la Cour européenne des droits de l'Homme.
La CEDH a donné droit à une plainte de Nikolaï Alexeïev, qui faisait partie en 2006, 2007 et 2008 des organisateurs de marches visant à appeler l'attention du public sur la discrimination envers la communauté gay et lesbienne de Russie.
Après l'interdiction de ces marches, il se plaignait d'avoir été victime d'une discrimination fondée sur l'orientation sexuelle.
Le maire de Moscou avait motivé ses refus par la nécessité de protéger l'ordre public, la santé, la morale et les droits et libertés d'autrui, et de prévenir les émeutes.
Dans leur arrêt, les juges de Strasbourg rappellent l'importance de la liberté de réunion et donc de la tenue de manifestations non violentes, même si elles peuvent choquer ceux qui ne partagent pas les idées défendues par les manifestants.
Le simple risque qu'une manifestation occasionne des troubles ne suffit pas à justifier son interdiction. Si l'on interdisait toutes les manifestations pour ce motif "on empêcherait la société d'entendre des opinions différentes sur des questions qui heurtent la sensibilité de l'opinion majoritaire".
Selon la cour, "les considérations de sécurité ont été d'importance secondaire dans les décisions des autorités, qui étaient principalement guidées par les valeurs morales de la majorité".
Les manifestations de la Gay Pride ont pour objectif de promouvoir le respect des droits de l'Homme et la tolérance envers les minorités sexuelles, et non d'exhiber des scènes de nudité ou d'obscénité ou de critiquer la morale publique ou les opinions religieuses, mentionne l'arrêt qui est scusceptible d'appel.
La CEDH a alloué 12.000 euros pour dommage moral à M. Alexeïev, qui avait affirmé le 18 septembre avoir été victime de pressions des autorités russes pour qu'il retire sa plainte auprès de la CEDH.
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