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Elections sous haute tension lundi aux Philippines MANILLE (AP) 13 mai 2007 Au moins 113 personnes ont été tuées aux Philippines au cours de la campagne électorale en vue des élections générales de lundi. Ce scrutin de la mi-mandat, placé sous haute sécurité en raison des menaces d'attentat de la guérilla communiste, est considéré comme un test important pour la présidente Gloria Macapagal Arroyo.
Outre les menaces de la guérilla, ont craint des règlements de comptes entre clans à l'occasion du scrutin, sans compter la fraude électorale. Près de 87.000 candidats se disputent 17.500 sièges au niveau local, gouverneurs, maires et conseillers municipaux, et national. Outre les scrutins locaux, sont en jeu la totalité des 265 sièges de la Chambre des représentants et la moitié des 24 sièges L'Onu accuse l'armée d'assassinats politiquesdu Sénat. L'opposition a tenté par deux fois de faire destituer Mme Arroyo en l'accusant de fraude lors du scrutin présidentiel de 2004, mais ont échoué, la Chambre étant dominée par les alliées de la présidente. Une victoire de l'opposition à la Chambre relancerait sans doute immédiatement les vélléités de destitution, renvoyant l'affaire devant un Sénat dominé lui par les rivaux de Mme Arroyo. Cette dernière a également survécu à deux tentatives de coup d'Etat et de nombreuses autres crises depuis six ans qu'elle est au pouvoir. Mais les sondages ne semblent pas suggérer de renversement majeur de tendance, alors que le décollage économique du pays est en cours. Selon le dernier bilan de la police, au moins 113 personnes ont été tuées et 121 autres blessés dans 168 incidents liés aux élections depuis le début de la campagne en janvier. Dimanche soir encore, des hommes armés ont ouvert le feu sur des policiers et responsables électoraux installant les urnes dans la province d'Abra (nord), tuant deux policiers et blessant un des responsables électoraux.Elections aux Philippines: des irrégularités relevées par les observateurs internationaux MANILLE (AP), le 15 mai 2007 Le groupe de 21 observateurs de l'Asian Network for Free Elections ("réseau asiatique pour des élections libres") a estimé que, bien que le scrutin se soit déroulé normalement dans certaines parties de la région à majorité musulmane de Mindanao, des actes d'intimidation, de menace et de violence constatés dans le reste de la province laissaient "l'impression générale que le processus est manipulé par des éléments extérieurs". Jessica Tulloch, volontaire américaine de l'Eglise méthodiste unifiée, a affirmé que des bulletins avaient ainsi été distribués accompagnés d'une somme d'argent, que des assesseurs s'étaient assis à côté des électeurs en leur parlant à voix basse, et que certaines personnes avaient pu "voter plusieurs fois". Le chef de la commission électorale philippine, Benjamin Abalos, a déclaré n'être pas informé de fraude à grande échelle. La police a pour sa part porté mardi à au moins 126 morts le bilan des violences commises depuis le début de la campagne électorale en janvier. En 2004, on avait recensé 189 décès. L'Onu accuse l'armée d'assassinats politiques RFI, le 21 février 2007 L'armée philippine est « largement responsable » de plus de 800 meurtres en six ans. C'est en tout cas la conclusion du rapporteur onusien après deux semaines passées dans l'archipel. Philip Alston a également pointé du doigt Gloria Arroyo : selon le rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme des Nations unies, la présidente philippine laisse s'installer un climat d'impunité presque totale vis-à-vis les auteurs de ces exécutions extrajudiciaires. Philip Alston, l'expert des Nations unies pour les exécutions extrajudiciaires, est formel : derrière la grande majorité d'assassinats de journalistes et d'opposants aux Philippines se trouve bien la main de l'armée - tout doute est exclu. Quand il s'agit, en revanche, des responsabilités du gouvernement, à Manille, ou encore de la présidente Gloria Arroyo, l'enquêteur semble déjà beaucoup moins catégorique : il n'a pas trouvé d'indice qui pourrait laisser supposer une organisation politique en haut lieu de ces assassinats. Ce qui veut dire en clair : M. Alston n'a pas pu prouver un lien direct entre les meurtriers et le pouvoir en place. Or, le rôle de la présidente philippine dans la détérioration des droits de l'homme sur l'archipel semble douteux pour plusieurs raisons : depuis l'emménagement de Gloria Arroyo au palais présidentiel à Manille en 2001, les Philippines ont connu une véritable vague d'assassinats : 180 personnes auraient ainsi été tuées rien que l'année dernière après avoir critiqué le régime politique, selon différentes organisations de droit de l'homme. Ces exécutions concernent principalement des journalistes et des sympathisants de la « Nouvelle armée du peuple » (NPA), la branche armée du Parti communiste philippin. Comptant aujourd'hui quelques sept mille combattants, ce mouvement rebelle lutte depuis 1969 pour faire des Philippines un Etat communiste. Un plan de paix entre le gouvernement et la NPA avait échoué, il y a quatre ans. Depuis, les responsables politiques, dans la capitale philippine, ont décidé de traquer, plus intensément que jamais, les insurgés communistes auxquels l'armée livre régulièrement des combats sanglants. Et il s'agit justement de ce « virage stratégique opéré par l'armée en matière de lutte contre la rébellion » qui constitue, selon le rapporteur Philip Alston, souvent le cadre à l'intérieur duquel se joue le drame d'un assassinat politique. Dans certains cas, le but des militaires n'est apparemment pas de tuer, mais il arrive que les « pratiques intimidatrices » utilisées par les soldats philippins « dérapent en exécution extrajudiciaire », explique l'expert onusien après avoir entendu de nombreux témoins. En conséquence, Philip Alston dresse une liste d'exigences claires en direction de la dirigeante de l'Etat philippin : l'émissaire de l'Onu demande à la présidente Gloria Arroyo de faire pression sur son armée pour que celle-ci sauve son image en reconnaissant les faits et en permettant ainsi une enquête dans les rangs militaires. Philip Alston souligne également l'urgence d'assurer une meilleure protection aux témoins de crimes, actuellement victimes de véritables campagnes d'intimidation et de harcèlement. Enfin, et ce point constitue l'attaque la plus directe à l'adresse de la présidente, l'envoyé onusien critique très ouvertement le climat de « quasi impunité » des crimes aux Philippines. Une présidente ambiguë Pendant ce temps, Gloria Arroyo joue de l'ambiguïté : elle s'abstient de poursuivre systématiquement tous les assassins, mais elle renvoie, qui veut l'entendre, vers les quelques condamnations qui ont eu lieu à ce sujet. On lui reproche de ne pas jouer cartes sur table, elle rétorque que l'enquête sur les liens entre les personnels militaires et les meurtres non expliqués était à son initiative, et que l'expert de l'Onu est venu suite à son invitation. Mais l'attitude la plus ambiguë, la présidente la réserve aux journalistes de son pays : tandis que Gloria Arroyo répète régulièrement son attachement à la liberté de la presse, son mari s'occupe de faire taire les journalistes qui gênent le pouvoir. José Miguel Arroyo a ainsi multiplié les plaintes en diffamation, plus de 40 l'année dernière. Aux Philippines, la diffamation est encore punie de peine de prison. La pluie des plaintes du «First gentleman» a ainsi mis en danger la liberté de dizaines de journalistes, estime aussi l'organisation Reporters sans frontières. Même durant la visite de l'enquêteur de l'Onu, Philip Alston, un journaliste a encore été tué : Hernani Pastolero, rédacteur en chef du journal hebdomadaire Lightning Courier , a été atteint de deux balles à la tête ce lundi. L'Union nationale des Journalistes des Philippines craint même une aggravation des poursuites dont sont victimes les membres des médias indépendants, car, en mai, l'archipel sera le théâtre d'élections. Après les conclusions de l'expert de l'ONU, on attend de plus le rapport d'un certain Jose Melo. Ce juge à la retraite de la Cour suprême philippine a déjà annoncé vouloir lever le voile sur les relations obscures qui lieraient certains membres des forces de sécurité aux assassinats politiques. La publication de ces révélations a déjà été plusieurs fois reportée. Les Philippins devront patienter. |
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