Libération, le 20 mai 2009

Magasins pillés, manifestations violentes : les immigrants chinois sont décidément très mal reçus dans le Pacifique Sud. Chassés par centaines des îles Salomon il y a trois ans, après avoir été accusés d'avoir payé des pots-de-vin aux hommes politiques locaux, ils sont depuis la semaine dernière la cible des Papous en colère. Le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a dû dépêcher mardi des renforts dans plusieurs villes pour protéger les magasins chinois, mis à sac par la population. La veille, le gouvernement chinois avait exigé des autorités qu'elle déploie les forces de l'ordre pour protéger ses citoyens, qui ont immigré en nombre ces dernières années. La première manifestation antichinoise, qui est survenue mercredi 13 mai à Port Moresby, a failli se terminer par des lynchages. La colère avait été provoquée par la manière cavalière dont un Papou avait été traité après un accident survenu dans une mine exploitée par une compagnie d'Etat chinoise. La Papouasie (6 millions d'habitants) est l'un des pays les plus pauvres au monde, mais regorge de ressources naturelles. La population soupçonne également, à tort ou à raison, les hommes d'affaires chinois de corrompre la classe politique du pays, exportant ainsi des pratiques qui sont très courantes en Chine.