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Conflit en Ossétie du sud :
du 12 août 2008 au 14 août 2008


Géorgie : le centre de Gori bombardé, forte explosion à Tbilissi

AFP, le 14 août 2008

TBILISSI (AFP) - La place centrale de la ville géorgienne de Gori a été bombardée mardi, faisant des victimes, tandis que des bâtiments universitaires sont en feu, a annoncé la télévision publique géorgienne. EvènementUne forte explosion a été entendue mardi à la mi-journée dans le centre de Tbilissi, la capitale géorgienne, selon un journaliste de l'AFP.

La Géorgie a accusé lundi soir les troupes russes d'occuper la "majeure partie" de son territoire et l'armée géorgienne se préparait à défendre la capitale, Tbilissi, alors que la Russie a affirmé de son côté ne pas vouloir l'attaquer. "La majeure partie du territoire de la Géorgie est occupée", a déclaré le président de Géorgie, Mikheïl Saakachvili, dans une allocution télévisée.

La Russie "semble avoir l'intention de renverser le gouvernement", a estimé le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Alexandre Lomaïa.

Le président américain George W. Bush a lui aussi laissé entendre mardi que la Russie semblait vouloir renverser le gouvernement géorgien. "Ces actions menacent les relations avec les Etats-Unis et l'Europe ", a ajouté M. Bush. "Le gouvernement russe doit changer la politique qu'il semble mener et accepter l'offre de paix (de la Géorgie, ndlr) comme premier pas vers la solution de ce conflit", a-t-il demandé.

De son côté, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Zalmay Khalilzad, a déclaré qu'il avait reçu de son homologue russe Vitali Tchourkine l'assurance que le renversement du président géorgien n'était "pas le but de la Fédération de Russie".

Le Premier ministre géorgien Lado Gourguenidze a annoncé à la télévision dans la nuit de lundi à mardi que les troupes russes étaient entrées dans le port de Poti, un terminal pétrolier sur la mer Noire. "A cette heure, l'armée d'invasion de la Fédération de Russie est entrée sur le territoire géorgien (...). L'armée géorgienne se retire pour défendre la capitale", avait proclamé un peu plus tôt le gouvernement géorgien.

M. Saakachvili a cependant appelé les habitants de Tbilissi à garder leur calme, tout en estimant que la ville était "menacée". Il a en outre juré que la Géorgie ne se rendrait "jamais", dans une interview téléphonique lundi à la chaîne de télévision américaine CNN.

Dans l'ensemble la situation était paisible dans la capitale géorgienne, même si les habitants de la ville commençaient à faire la queue dans les magasins et les stations services pour stocker des produits de première nécessité et de l'essence, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le ministère de la Défense à Moscou, cité par Interfax, a assuré pour sa part que les forces russes n'avaient aucune intention de se diriger vers Tbilissi. Il a annoncé un peu plus tard que ses troupes s'étaient retirées de la ville géorgienne de Senaki (ouest). Tbilissi a confirmé ce retrait, ajoutant cependant que la base militaire géorgienne s'y trouvant avait été détruite par l'armée russe. La Russie a par ailleurs démenti que ses troupes occupent la ville de Gori, à 90 km de la capitale géorgienne.

Le gouvernement géorgien est revenu sur ses déclarations précédentes à ce sujet, indiquant que Gori, un noeud stratégique entre l'est et l'ouest du pays, n'était pas occupé par des troupes russes mais que ces dernières s'étaient positionnées dans les alentours.

Près de 80% des 50.000 habitants de Gori ont cependant fui la ville, d'après un porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

La situation humanitaire en Ossétie du Sud et en Géorgie est "très grave", selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui se prépare à envoyer 15 tonnes d'aide médicale.

Selon un reporter norvégien sur place, des troupes russes ont aussi fait une incursion lundi dans la ville géorgienne de Zougdidi, proche de la république séparatiste d'Abkhazie.

La Russie a aussi déployé 9.000 soldats supplémentaires en Abkhazie, qui s'ajoutent aux 2.500 soldats de maintien de la paix déjà présents dans cette région séparatiste de Géorgie, selon un responsable du commandement russe.

Pendant ce temps, un ballet diplomatique se poursuivait pour pousser les deux camps à arrêter les hostilités, avec des appels à la trêve et des tentatives de médiation.

Le Conseil de sécurité s'est à nouveau réuni lundi à huis-clos à New York. La Russie a jugé dans la soirée que le projet de résolution préparé par les diplomates occidentaux à l'ONU demandant un "cessez-le-feu immédiat" en Géorgie n'était pas acceptable en l'état, estimant qu'il était "prématuré" et ne prenait pas en compte certaines de ses exigences.

Le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays préside l' Union européenne , se rend mardi à Moscou puis à Tbilissi. Son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, attendu dans la nuit à Moscou après une étape à Tbilissi, a déclaré que Mikheïl Saakachvili a "accepté à peu près toutes les propositions" de l'Union européenne, et de l'OSCE pour arrêter le conflit.

Mais le premier vice-Premier ministre russe Sergueï Ivanov a écarté les propositions de l' UE , estimant qu'il fallait un "engagement écrit signé d'un côté par la Géorgie et de l'autre par l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie (ses deux républiques séparatistes), de ne plus jamais recourir à la force à l'avenir".

Le représentant permanent de la Russie auprès de l'Otan, Dmitri Rogozine, a obtenu l'organisation mardi d'une réunion extraordinaire Otan/Russie, affirmant que le président géorgien "n'est plus un homme avec qui nous pouvons avoir affaire". Les présidents de cinq pays de l'ancienne sphère soviétique - la Pologne, l'Ukraine et les trois Etats baltes-- vont aussi se rendre d'urgence à Tbilissi pour soutenir la Géorgie, selon un conseiller du président polonais Lech Kaczynski.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine s'en est pris avec virulence aux Etats-Unis, accusant Washington de "gêner" les opérations militaires russes en aidant au rapatriement des soldats géorgiens d' Irak . Il a dénoncé le "cynisme" américain et sa "capacité à présenter l'agresseur en victime de l'agression". M. Poutine a comparé les autorités géorgiennes à l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein.

Le Pentagone a déclaré lundi avoir été surpris par la rapidité de l'intervention russe en Ossétie du Sud et dit chercher encore à comprendre ce qui s'est passé exactement

La pression monte sur les Géorgiens restés en Ossétie du Sud

AP - Le 14 août 2008

TSKHINVALI, Ossétie du Sud - La pression est croissante sur Vinera Chebatarïeva, 70 ans. Professeur des écoles à la retraite, elle fait partie des habitants d'origine géorgienne d'Ossétie du Sud à ne pas avoir encore fui, de plus en plus rares, et elle envisage désormais de partir.

Dans les villages géorgiens désertés de la région séparatiste, les maisons brûlent. Un colonel russe, qui refusait mercredi de donner son nom, affirme que ce sont des pillards qui incendient les demeures abandonnées et que les combattants n'y sont pour rien.

Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, dont les chercheurs ont parcouru la route reliant Java (nord) à Tskhinvali le 12 août et recueilli les témoignages des rares derniers habitants, Kekhvi, Nijnie Achaveti, Verkhnie Achaveti et Tamaracheni, quatre villages autrefois peuplés exclusivement de Géorgiens dans les collines au nord de la capitale régionale, ont subi des destructions considérables, pillés et incendiés par les miliciens d'Ossétie du Sud.

Ceux qui sont restés, en général trop vieux ou malades pour bouger, "sont dans une situation désespérée, sans moyens de survie, sans assistance, sans protection, et avec nulle part où aller", note Tanya Lokshina, de HRW.

Selon les estimations du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, 100.000 personnes ont fui les combats d'Ossétie, dont plusieurs milliers réfugiés en Géorgie.

A Tskhinvali, ceux qui n'ont pas fui, comme Mme Chebatarïeva, se sentent de plus en plus rejetés.

Dans son appartement en ruines du centre-ville, entre son piano détruit et ses meubles démolis, la vieille dame sanglote. Elle raconte que les deux trous d'obus béants dans son mur sont le résultat d'un affrontement entre miliciens ossètes réfugiés dans son appartement et un char géorgien.

Mais sa voisine, Janna Kouzaïeva, une Ossète qui dit travailler pour le gouvernement, met cette version en doute et ne cache pas sa méfiance. "Nous savons que son frère était un espion pour le compte des Géorgiens. Nous l'avons laissée rester ici, et maintenant elle nous accuse de tout".

Depuis le début du conflit, Russes et Géorgiens s'accusent réciproquement de violations des droits de l'Homme et d'épuration ethnique, les Russes affirmant que les forces géorgiennes ont pris délibérément pour cibles les civils ossètes. Ils dénoncent notamment le bombardement de la semaine dernière sur Tskhinvali à coups de missiles Grad, particulièrement destructeurs en zone civile car frappant des zones étendues plutôt que ciblées.

Mais le récit de Mme Chebatarïeva semble suggérer que les combats au sol entre troupes géorgiennes d'un côté et Russes et Ossètes de l'autre sont également responsables de certains des dégâts subis par la capitale de la région séparatiste.

La vieille dame, moitié Géorgienne moitié Russe, raconte qu'un groupe de soldats ossètes a fait irruption dans son appartement, d'où il a ouvert le feu sur un char géorgien, lequel a riposté, transformant sa demeure en champ de ruines. Selon elle, les Ossètes ne connaissaient pas ses origines.

Nombre de villages habités par des Géorgiens près de Tskhinvali ont été abandonnés, dont plusieurs juste au nord de la capitale de la région séparatiste. "Il n'y a plus un seul Géorgien dans ces villages. Il n'y a plus qu'une vieille folle qui est restée", explique Robert Kochi, 45 ans, originaire de la ville de Java.

Il n'a pourtant aucune sympathie pour ses anciens voisins, qu'il accuse d'avoir voulu chasser les Ossètes de leur terre. "Ils voulaient se débarrasser de nous tous physiquement. Quelle autre définition il y a-t-il pour un génocide?"

Rostam Koïev, soldat de l'armée ossète, n'est pas moins critique. "Ils vous sourient, mais dans le même temps creusent votre tombe dans votre dos".

Selon l'armée russe, les combats auraient déjà fait quelque 2.000 victimes au sein de la population civile ossète.

Igor Kopachenkov, porte-parole de l'armée russe, était dans le centre de Tskhinvali mercredi quand des tirs ont retenti au loin. "Le nettoyage continue", a-t-il déclaré, estimant que "peut-être des Géorgiens fous et blessés se sont réveillés" et ont recommencé à combattre.

Géorgie : les forces russes posent des mines à Gori, selon l'ambassadeur géorgien à l'OSCE

AP – le 14 août 2008

VIENNE - Les forces russes posent des mines dans la ville stratégique de Gori en Géorgie et semblent faire de même à Senaki et dans la cité portuaire de Poti sur la Mer noire, a déclaré jeudi à Vienne l'ambassadeur géorgien auprès de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Victor Dolidze.

Le ministère géorgien de l'Intérieur avait annoncé dans la matinée que les troupes russes avaient amorcé leur retrait mais le ministère des Affaires étrangères avait ensuite fait état du retour des militaires russes à Gori et Poti, où la Géorgie dispose d'un terminal pétrolier vital pour sa fragile économie.

M. Golidze a également déclaré que les blindés russes étaient de retour à Gori, où plusieurs bâtiments étaient en feu, a-t-il ajouté, ainsi qu'à Senaki et Poti. Les forces russes, selon l'ambassadeur géorgien, se livraient également à des pillages à Senaki et Poti.

A Washington, un responsable américain a déclaré que les forces russes ont apparemment saboté des aérodromes et autres infrastructures militaires géorgiennes, dans le but d'empêcher la Géorgie de livrer un autre conflit à l'avenir. Ce responsable qui a requis l'anonymat a cité des témoignages sur place.

100.000 déplacés selon le HCR

Euronews, le 12 août 2008

Près de 100 000 personnes jetées sur les routes, chassées de leurs foyers par les combats en Géorgie. C'est l'estimation faite par le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés. Elle se fonde sur les rapports rédigés par ses équipes sur le terrain, et sur les données des gouvernements géorgien et russe.

Cette personne âgée a fui l'Ossétie du Sud, raconte-t-elle, "car sa maison a été complètement détruite". Certains Ossètes du Sud ont préféré gagner le territoire géorgien. D'autres sont passés en Ossétie du Nord, sur le territoire russe. "Notre cinquantaine d'employés sur le terrain en Géorgie travaille beaucoup pour la population en souffrance, indique le porte-parole du HCR. En tout, au moins 275.000 personnes avaient déjà fui l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie dans les années 90. Malheureusement, ce nombre de réfugiés est encore en train de grimper".

Ce mardi, le premier vol humanitaire du HCR est arrivé à Tbilissi. L'avion-cargo contenait des tentes et d'autres équipements destinés aux réfugiés. La Croix-Rouge internationale, elle, a fait parvenir sur place des fournitures médicales

 

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