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  Nigeria : 200 morts dans les heurts politico-religieux dans le centre du pays

AFP, le 30 novembre 2008

Au moins 200 personnes sont mortes vendredi et samedi dans la ville de Jos, au centre du Nigeria, lors d'affrontements entre chrétiens et musulmans, a annoncé dimanche le commissaire (ministre) à l'information de l'Etat de Plateau, M. Nuhu Gagara.

"Les chiffres officiels communiqués par la police indiquent qu'environ 200 personnes sont mortes", a déclaré M. Gagara lors d'une point de presse, sans donner de chiffres pour les blessés lors de ces heurts provoqués par la contestation des résultats d'une élection locale tenue jeudi

"Ce nombre (de morts) n'est que préliminaire, car un comité de recherche et de secours mis en place par le gouvernement de l'Etat parcourt la ville pour récupérer des cadavres", a précisé le ministre.

C'est le premier bilan officiel des affrontements qui ont embrasé cette ville d'un million d'habitants pendant 48 heures.

Le calme est revenu dimanche dans la capitale de l'Etat de Plateau, quadrillée dimanche par la police et l'armée, mise en alerte dans les Etats voisins, a indiqué un porte-parole militaire sans préciser le nombre de soldats déployés à Jos.

Musulmans et chrétiens s'étaient violemment affrontés dans les rues de Jos, se disputant la victoire dans une élection locale. Des églises, des mosquées et des maisons ont été attaquées.

Un responsable de la Croix-Rouge nigériane à Jos, qui a requis l'anonymat, a affirmé à l'AFP que "bien plus de 300 personnes ont été tuées ces deux derniers jours".

La Croix-Rouge nigériane a aussi fait état de plusieurs centaines de blessés alors que "plus de 10.000" personnes ont cherché refuge dans des églises, des mosquées et des casernes de l'armée et de la police.

L'imam de la mosquée centrale de la ville, Khaled Abubakar, avait signalé samedi "près de 400 corps" déposés dans la mosquée, et un journaliste local a affirmé y avoir compté 381 cadavres.

Avant l'annonce d'un premier bilan officiel, le porte-parole de l'armée avait estimé que les bilans donnés jusqu'à présent étaient "assez exagérés".

Un retour progressif à la normale a été confirmé dimanche. "De plus en plus de gens sortent et se livrent à leurs activités habituelles", a déclaré à l'AFP le général de brigade Emeka Onwamaegbu.

"L'armée a pris les choses en mains, la seule crainte c'est ce qui pourrait arriver à la périphérie de la ville", a déclaré Adamu Tsoho, un dignitaire musulman.

Selon lui, 351 victimes musulmanes ont été enterrées dimanche après des prières à la mosquée centrale. Trente autres dépouilles ont été récupérées par leurs familles samedi soir, a-t-il ajouté.

Située au centre du Nigeria, un pays dont le nord est à dominante musulmane et le sud à majorité chrétienne, Jos avait été le théâtre de violents affrontements inter-religieux en septembre 2001, faisant des centaines de morts.

Selon un porte-parole de la police, tout a commencé vendredi par une rumeur selon laquelle le Parti de tous les peuples nigérians (ANPP), majoritairement musulman, avait perdu face au parti au pouvoir au niveau fédéral, le Parti Démocratique du Peuple (PDP), à majorité chrétienne.

Samedi, le gouverneur de l'Etat de Plateau, Jonah Jang, a imposé un couvre-feu de 24 heures dans quatre quartiers de la ville et donné l'ordre à l'armée d'ouvrir le feu sur toute personne qui braverait l'interdiction.

Le couvre-feu général décrété sur l'ensemble de la ville de 18H00 à 06H00 a ensuite été prolongé de deux heures, jusqu'à 08H00. Les autorités ont fait état de 1.500 arrestations de jeunes armés.

 

Retour au calme à Jos après des émeutes qui ont fait plus de 300 morts

AP, le 30 novembre 2008

Des soldats de l'armée nigériane, à pied et à bord de blindés de transports de troupes, ont patrouillé dimanche les rues de Jos (centre), où un calme précaire semblait revenu, après deux jours d'émeutes sanglantes qui on fait plus de 300 morts.

Des unités envoyées en renforts ont dressé des barrages, dans des rues quasiment vidées par la population. La police a annoncé avoir arrêté des centaines de personnes depuis le déclenchement des affrontements, vendredi matin, après une élection contestée.

Dimanche matin, 238 corps ont été enterrés lors de funérailles collectives. De nombreux chrétiens ont été tués dans ces violences, qui de politiques ont rapidement dégénéré en affrontements inter-religieux.

Cette explosion de violence est la pire au Nigeria depuis 2004 : les affrontements entre chrétiens et musulmans, dans ce même Etat central de Plateau, avaient alors fait 700 morts.

Jos, capitale de l'Etat, a une longue histoire de violences inter-communautaires, qui rend à chaque fois délicate l'organisation du moindre scrutin. En septembre 2001, les émeutes y avaient fait plus d'un millier de morts.

La ville se trouve en effet dans la "ceinture centrale" nigériane, où coexistent et se télescopent des centaines de groupes ethniques sur une bande de territoire fertile objet de toutes les convoitises, séparant le nord musulman du sud majoritairement chrétien et animiste de cet immense pays africain.

Un couvre-feu total a été imposé sur les secteurs les plus touchés de Jo s: c'est là que cohabitent dans la tension des membres de l'ethnie haoussa, musulmans et traditionnellement pasteurs, avec des chrétiens d'autres groupes ethniques. Ces rivalités ethnico-religieuses s'y doublent de querelles pour la terre entre agriculteurs et pasteurs.

Tout a commencé avec des affrontements entre partisans des deux principaux partis politiques de la région, à l'issue de la première élection municipale organisée à Jos en plus de dix ans: la foule a commencé à s'en prendre jeudi aux responsables électoraux qui n'arrivaient pas à rendre publics les résultats, réveillant des rumeurs de fraude.

Dans la nuit, la violence s'est ensuite étendue dans la ville, où des mosquées et églises ont été incendiées. Samedi, les dirigeants religieux et chefs ethniques locaux ont lancé des appels au calme via la radio, et les rues s'étaient vidées dans l'après-midi, l'armée ayant reçu ordre de tirer à vue sur les émeutiers.

Plusieurs centaines de femmes et de filles, qui ne risquent pas d'être considérées comme des combattantes par les soldats ayant reçu l'ordre de tirer à vue sur les fauteurs de troubles, transportaient des bidons pour aller les remplir dans des points d'eau publics.

"Il n'y a pas d'eau à la maison. Nos enfants pleurent pour avoir de l'eau, et tous les magasins sont fermés. Même les derniers aliments que nous avons, nous ne pouvons pas les cuisiner parce que nous n'avons pas d'eau", a affirmé Hawa Ismailah, une femme au foyer qui s'était rendue dans un des points d'eau.

Depuis 1999 et le retour au pouvoir des civils après des années de dictature militaire, plus de 10.000 personnes sont mortes dans des violences ethnico-religieuses au Nigeria.


   

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