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Le Monde , le 24 janvier 2009 Depuis mardi 20 janvier, la Guadeloupe vit au rythme d'une grève générale initiée par un collectif d'une cinquantaine d'organisations syndicales, politiques et culturelles qui, au nom de la lutte "contre la vie chère" , a établi un programme de 120 revendications. Les 115 stations-service de l'île sont fermées. Des écoles, magasins et centres commerciaux sont fermés. Des services publics ne sont plus assurés, du ramassage des ordures aux transports routiers de voyageurs. Des délestages privent d'électricité, deux heures durant, des tranches de 20 000 abonnés non prévenus. Des coupures d'eau sont engendrées, selon la Générale des eaux, par "des actes de malveillance perpétrés sur le réseau" . Le cahier de revendications du "Lyannaj kont pwofitasyon" (Collectif contre l'exploitation outrancière) réclame notamment "un relèvement immédiat et conséquent d'au moins 200 euros des bas salaires, des retraites et des minima sociaux" , celui du smic et "des salaires du secteur privé, des traitements de la fonction publique, du minimum vieillesse, des minima sociaux" , "un salaire minimum guadeloupéen calculé sur le coût réel de la vie en Guadeloupe" , une "baisse significative de toutes les taxes et marges sur les produits de première nécessité et les transports" et "des taux de la taxe sur les carburants" , la "suppression de la taxation des produits locaux" , le "gel des loyers pour une période indéterminée", "l'arrêt des saisies immobilières des propriétés des guadeloupéens et la restitution des biens". Au total, ce sont 120 revendications dont le Collectif exige qu'elles soient négociées "en un seul lieu" avec "l'Etat, les collectivités territoriales majeures et le patronat" local. Pour Willy Angèle, président de la fédération locale du Medef, "les problèmes de société ne se règlent ni dans la rue ni par décret". Mais les très activistes, centrales syndicales indépendantistes UGTG (51,67 % des voix aux prud'homales) et CTU (8,57 %) et la plus modérée CGTG (19,83 %), dirigée par un militant trotskiste, ont réussi à fédérer FO et la CFDT (7,24 % et 5,35 %), la CFTC et l'UNSA (3,61 % et 2,16 %), la FSU (1,41 %) et les syndicats d'enseignants, l'ensemble des syndicats de paysans producteurs de cannes à sucre, le PC guadeloupéen et les Verts, en s'adjoignant environnementalistes et associations de "carnavaliers" identitaires. Les présidents des conseils général et régional, le député (PS) Victorin Lurel et le sénateur (app. PS) Jacques Gillot, craignent que les préalables de négociation posés par le Collectif ne traduisent une volonté de "marginaliser les élus" et de faire avancer des revendications statutaire qu'eux-mêmes renvoient à un futur lointain ou n'envisagent qu'à pas comptés. Les uns et les autres savent qu'en Guadeloupe, la moindre manifestation peut parfois se transformer en jacquerie : ils se savent confrontés aux ultimes soubresauts d'une société paysanne engagée, depuis trop longtemps, dans une transition inachevée et qui se retrouve projetée dans l'ère de la mondialisation, au point que difficultés réelles et angoisses insulaires se confondent.
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