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Demandeurs d'asile en Ile-de-France, un parcours du combattant

AFP, 30 mars 2011

Sur le trottoir, des cartons et des couvertures indiquent qu'ils ont dormi sur place, devant le Centre Asile de la préfecture de Police de Paris. Mais tous n'entreront pas : en Ile-de-France, faire une demande d'asile est un parcours du combattant, dénoncé par les associations.

Il est 08H30 mercredi. Ils sont Bangladais, Népalais, Mauritaniens, Sénégalais, Chinois, Russes ou Ivoiriens et se pressent, serrés les uns contre les autres devant les grilles. Mais comme tous les jours, quelques dizaines de personnes seulement - environ 25 mercredi matin - sont admises dans le bâtiment.

La règle est simple : premier arrivé, premier servi.

Les autres devront revenir le lendemain pour tenter de déposer leur demande, qui les autorisera à se maintenir sur le territoire français Le temps de la procédure. En attendant, "ces personnes se trouvent en situation irrégulière", souligne Florence Boreil, de l'association Acat France.

La plupart ont dormi devant la préfecture, ou un peu plus loin, près des arrêts de bus, s'ils ont été délogés par les policiers.

Dembélé et son fère jumeau, venus de Mauritanie, disent être là depuis deux semaines. Mohamed Hussein, arrivé du Bangladesh, depuis trois jours. "Il n'y a pas d'organisation. On n'a rien à manger. Je croyais que j'étais au pays des droits de l'homme, mais c'est pas humain", dit-il à l'AFP.

M. Utsavsubedi, Népalais de 25 ans, accompagné de sa femme et de son frère, a apporté couvertures et sacs de couchage. Depuis quatre jours, ils se relaient pour aller aux toilettes ou trouver à manger.

"Déposer une demande d'asile est un droit et les guichets de la préfecture doivent être libre d'accès", dénonce sur place Jean-François Dubost, d'Amnesty International France.

Une situation illégale que sept associations (Amnesty, Acat, Secours Catholique, Dom'Asile, Cimade, Comède, GAS), réunies en collectif, viennent de combattre en Justice, à Paris et Créteil.

En 15 jours, elles ont obtenu "33 condamnations des préfectures".

Mercredi, leurs militants ont dénoncé ces conditions d'accueil "indignes": à Paris, ils ont installé un tapis rouge, offert viennoiseries et jus d'Orange. Une banderole annonce : "Vous êtes menacés dans votre pays, vous demandez l'asile, bienvenue en France".

La scène pourrait se dérouler dans toute l'Ile-de-France, qui accueille 44% des demandes d'asile nationales, affirme David Hedrich, de Dom'asile. Selon lui, les préfectures ont "des numerus clausus" de personnes qui peuvent rentrer chaque jour. "A Créteil, entre 30 et 50 personnes sont refoulées chaque jour. Et dans les Hauts-de-Seine, entre 10 et 20 personnes", dit-il.

"Ce n'est pas une question de quotas, mais de capacité d'accueil" répond à l'AFP Nicolas Lerner, chef de cabinet de la préfecture de Police de Paris.

"La demande d'asile a fortement augmenté depuis quelques années", explique-t-il.

Selon le Haut commissariat aux réfugiés, en 2010 la France a accueilli 47.800 demandeurs d'asile, soit une augmentation de 13%.

"Le suivi des dossiers nous contraint à limiter l'accueil", ajoute M. Lerner, car "une fois qu'un demandeur d'asile a déposé sa demande, il faut le revoir tous les trois mois. Il promet "une réforme" de l'accueil pour avril, avec l'aide d'associations.

Mais même après avoir pu accéder aux guichets, les obstacles sont nombreux : absence de documents traduits dans la langue du requérant, complexité de la procédure, difficulté d'accès à une aide financière (allocation temporaire d'attente) et à un logement (en IDF les centres d'hébergement pour demandeurs d'asile sont débordés).

C'est "un système organisé pour dissuader les demandeurs d'asile", selon Aurélie Radisson, du Secours Catholique.