MAPUTO — Quatre personnes ont été tuées par balles et 27 ont été blessées au cours d'émeutes contre la vie chère mercredi à Maputo, selon la police mozambicaine qui dément de nombreux témoignages affirmant qu'elle a fait feu sur les manifestants.
"Quatre personnes ont été tuées, 142 ont été arrêtées et 27 blessées, dont deux policiers", a indiqué devant la presse le porte-parole de la police nationale, Pedro Cossa, précisant qu'il s'agissait d'un bilan encore provisoire.
Les victimes ont été tuées par balles, a confirmé M. Cossa. Mais il a laissé entendre qu'il ne pouvait s'agir de munitions de la police, qui utilise selon lui "toujours des balles en caoutchouc".
La Croix-rouge nationale comme le directeur des services d'urgences à l'hôpital central de Maputo, Antonio Assis da Costa, ont constaté de nombreuses blessures par balles.
Selon des témoignages concordants, la police a d'abord eu recours aux balles en caoutchouc pour disperser les foules, avant de passer aux munitions réelles.
Le correspondant de l'AFP a constaté la mort d'un garçon de 12 ans, le crâne fracassé par un tir. L'enfant gisait dans une mare de sang, son sac d'école ouvert laissant apparaître un livre de classe.
Le garçon regardait la foule, des milliers de personnes en train de manifester en chantant et dansant, lorsqu'il a été atteint par une balle derrière la tête, a raconté un témoin, Eunici Antonia Kiove, 18 ans.
"Nous l'avons tous vu", a-t-il ajouté. "Nous voulons que justice soit faite!"
Les violences ont éclaté lorsque des milliers de personnes sont descendues dans les rues des faubourgs pauvres de la capitale pour protester contre la hausse des prix du pétrole, du blé, du pain, de l'eau et de l'électricité.
"Nous protestons contre le coût de la vie. Ce n'est même plus élevé, c'est insupportable!, s'emportait Sousa Langa, 53 ans.
Des manifestants avaient bloqué, à l'aide de pneus enflammés, les routes principales conduisant à l'aéroport et à la plus grande banlieue de Maputo, Matola. Parmi eux figuraient de nombreux adolescents vêtus de leurs uniformes d'écolier.
Des dizaines de magasins et stations-service de Maputo, où vivent un million d'habitants, ont été attaqués par des pillards tandis que les manifestants mettaient le feu à des voitures.
Dans la soirée, des coups de feu continuaient de retentir dans les quartiers pauvres, dont les émeutiers avaient barricadé les grands axes, a constaté l'AFP.
La police a indiqué qu'elle maintenait ses patrouilles.
L'ambassade d'Afrique du Sud à Maputo a préféré fermer ses portes provisoirement, a indiqué à Pretoria le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Saul Molobi. "Nous réévaluerons la situation demain (jeudi)", a-t-il précisé.
Le ministre mozambicain de l'Intérieur, Jose Pacheco, s'est élevé à la télévision nationale contre les "criminels et hors-la-loi", qui ont manifesté à la suite d'appels relayés par SMS.
Tout en condamnant les pillages, le porte-parole de la Renamo, Fernando Mazanga, a dénoncé un "gouvernement qui ne sait répondre aux manifestations que par la violence."
Le Mozambique, dévasté par la longue guerre civile (1976-1992) qui a suivi le conflit armé pour l'indépendance, connaît une misère alarmante. 65% de ses 20 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Les prix ont flambé ces derniers mois avec la dépréciation du metical, la monnaie nationale, par rapport au rand sud-africain. Le Mozambique dépend étroitement des importations venues de son grand voisin.
En 2008, six personnes avaient été tuées dans des émeutes contre la hausse des prix des taxis collectifs, qu'empruntent les plus pauvres pour se rendre au travail.
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