Le leader du groupe islamiste armé touareg Ansar Dine (défenseur de l'Islam), Iyad Ag Ghaly, a pris lundi le contrôle de la ville de Tombouctou (nord-ouest de Mali) et en a chassé les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), a appris l'AFP auprès de témoins.
"Iyad est venu ce matin avec cinquante véhicules. Ils ont pris la ville, chassé les gens du MNLA qui étaient là, ont brûlé le drapeau du MNLA et ils ont mis leur drapeau au camp militaire de la ville", a affirmé Moussa Haïdara, caméraman qui a filmé l'entrée dans la ville de Iyad Ag Ghaly.
Cette information a été confirmée par des habitants de la ville, dont le responsable d'un des principaux hôtels de Tombouctou.
"Ce lundi, Iyad Ag Ghaly est arrivé avec ses hommes à Tombouctou pour renvoyer les gens du MNLA", a dit cet hôtelier sous couvert de l'anonymat. "Il est venu à l'hôpital pour demander aux infirmiers de travailler, de soigner les gens. Après, Iyad a parlé à la population pour dire de ne pas avoir peur, qu'ils (les membres d'Ansar Dine) sont là pour l'islam, pas pour l'indépendance ou pour faire mal".
Selon le cameraman, "l'adjoint de Iyad, qui parlait en français, a aussi affirmé que parmi" les militants d'Ansar Dine, "il y a des Somaliens, des Nigérians, des Tunisiens et que tous sont pour l'islam".
Iyad Ag Ghaly est une figure des rébellions touareg des années 1990 qui se bat aujourd'hui pour l'application de la charia au Mali par "la lutte armée".
Ses objectifs sont différents de ceux du MNLA, mouvement laïque qui a lancé à la mi-janvier une nouvelle rébellion et qui se bat pour l'indépendance de l'Azawad, région naturelle du nord du Mali considérée comme le berceau des Touareg.
Le MNLA et les groupes islamistes armés ont pris coup sur coup depuis vendredi les trois capitales régionales du nord du Mali, Kidal, Gao (nord-est) et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de l'armée malienne, sous-équipée.
Avec ces trois régions administratives, la rébellion et les islamistes contrôle tout le nord du pays, soit environ la moitié de son territoire.
Leur offensive s'est accélérée depuis le coup d'Etat militaire qui, le 22 mars, a renversé à Bamako le président Amadou Toumani Touré.