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La police ouvre le feu sur les manifestants à Madagascar

Rue89, le 7 février 2009

   

On compterait au moins 23 morts parmi les partisans du maire déchu d'Antananarivo, qui protestaient devant le palais présidentiel.

La manifestation des partisans du maire déchu d'Antananarivo, Andry Rajoelina, principal opposant au président Marc Ravalomanana, a tourné au bain de sang, ce samedi dans la capitale. Peu avant 15 heures, les forces de l'ordre fidèles à Ravalomana ont ouvert le feu sur les manifestants massés devant le palais présidentiel, faisant au moins 23 morts et 83 blessées selon les sapeurs-pompiers malgaches. Un haut responsable de la police présent sur place aurait, lui, déclaré à Reuters avoir compté "jusqu'à 25 morts".

Un site proche de l'opposition (Madagate) parle lui de plus de 50 morts. Selon ce même site malgache, des mercenaires pourraient être à l'origine des coups de feu. A 19 heures locales, des coups de feu se faisaient encore entendre.

Dans un communiqué, l'opposition condamne ce "carnage":

"Nous condamnons le carnage qua fait le pouvoir qui se dit légal à Madagascar, ce jour. Sachant que le peuple pacifique qui a fait la marche de la liberté au Palais d'Ambohitsirohitra n'avait ni arme blanche, ni arme de guerre. Ils étaient venus avec leur main vide, leur conviction et leur amour pour leur pays afin de mettre en place un régime transitoire qui va dans l'apaisement et vers la résolution de la crise qui mine notre pays. Le peuple a révoqué le pouvoir en place, Marc Ravalomanana a répondu avec la baillonnette. [...]

"Nous demandons le départ immédiat de Marc Ravalomanana de la tête de l'Etat Malgache et qu'il soit jugé devant une justice impartiale."

Le président Ravalomanana a lui imputé la responsabilité du carnage à son opposant :

Rajoelina "a emmené les gens de force au palais présidentiel et ne savait pas comment les contrôler. Ce n'est pas comme ça que Madagascar va se développer."

Vers midi, Andry Rajoelina s'était en effet proclamé, devant 20 000 supporters rassemblés Place du 13-Mai, lieu historique de contestation à Madagascar, président de la "Haute autorité pour la transition", sorte de gouvernement parallèle, avant d'appeler ses partisans à prendre le Palais présidentiel, pour y installer le "Premier ministre" qu'il venait de nommer.

Rajoelina avait été démis mardi de ses fonctions par le ministre de l'Intérieur. Il avait demandé lundi à la Cour constitutionnelle de destituer le président en place avant de s'autoproclamer président. Près de 100 personnes ont trouvé la mort depuis le début de affrontements, le 26 janvier.