Tageblatt, le 12 juillet 2007
Après avoir autorisé des évacuations de civils, l'armée pilonnait jeudi le camp de Nahr al-Bared au Liban nord, ce qui pourrait signaler le coup d'envoi de l'assaut final contre les membres du Fatah al-Islam qui y sont retranchés depuis près de deux mois.
Deux soldats ont été tués, selon des sources médicales, dans une embuscade tendue par les islamistes, et d'épais nuages de fumée recouvraient le camp de réfugiés palestiniens en ruines, pilonné sans répit. Des obus de tous calibres s'abattaient sur les positions du groupe islamiste dans la partie sud de Nahr al-Bared, un immense camp, bâti comme une ville en dur, où vivaient 31.000 réfugiés avant le début des affrontements le 20 mai. Les bombardements étaient accompagnés d'échanges de tirs à l'arme légère entre soldats et islamistes. "Le pilonnage d'aujourd'hui est un premier pas vers la bataille finale contre le groupe terroriste dont les membres refusent de se rendre à l'armée depuis le 20 mai", a affirmé à l'AFP un officier sur place. Des renforts militaires, en hommes et en matériel, sont arrivés pendant la nuit autour de Nahr al-Bared, selon le correspondant de l'AFP sur place. Mercredi, pour la première fois depuis plusieurs semaines, l'armée avait autorisé les organisations humanitaires à pénétrer dans le camp pour évacuer des civils, et une vingtaine de femmes avaient pu sortir. Environ 140 militants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui assurent comme dans les autres camps libanais la sécurité de Nahr al-Bared, avaient eux aussi quitté le camp. Ces évacuations "laissent le champ plus libre à l'armée pour intervenir sans faire courir de risques aux civils", avait souligné une source palestinienne. Avant ces départs, le nombre de personnes restées dans le camp était estimé à quelques centaines, dont les combattants du Fatah al-Islam, environ 80, et leurs familles.
Les bombardements avaient repris en soirée et jeudi matin, des troupes d'élite, des bataillons motorisés et des unités du génie se sont déployés autour du camp, à 15 kilomètres au nord de Tripoli, deuxième ville du Liban. Mercredi, à la veille de l'anniversaire du début de l'offensive israélienne au Liban contre le Hezbollah chiite (12 juillet-14 août), le Premier ministre Fouad Siniora avait réclamé un renforcement des capacités de l'armée afin de "mettre fin" aux combats contre le "gang criminel" du Fatah al-Islam. Le porte-parole de l'armée a cependant démenti que "l'assaut final" ait été lancé. L'armée "continue à resserrer l'étau autour de Nahr al-Bared et à nettoyer les positions des islamistes dans le but de les pousser à la reddition", a-t-il affirmé à l'AFP. L'armée avait annoncé que l'ensemble des civils restés dans Nahr al-Bared seraient évacués. Mais le Comité international de la Croix-Rouge, qui coordonne les évacuations, n'avait pas réussi à évacuer comme il le prévoyait une soixantaine de femmes et d'enfants, ceux-ci ne s'étant pas présentés à l'endroit convenu.
Les combats, les plus meurtriers depuis la fin de la guerre civile en 1990, avaient éclaté le 20 mai lorsque le Fatah al-Islam avait lancé une série d'attaques meurtrières contre l'armée aux environs de Nahr al-Bared. Le groupe extrémiste, qui reconnaît des liens idéologiques avec Al-Qaïda, est accusé par les autorités libanaises d'être un outil des services de renseignement syriens pour tenter de déstabiliser le Liban, ce que Damas dément.
Au total, 176 personnes, dont 88 soldats, ont été tuées dans les combats.