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Rétro : 2007, l'année de tous les blocages au Liban

AFP - Dimanche 30 décembre 07

BEYROUTH - En 2007, le Liban a plongé dans une paralysie et une instabilité sans précédent, avec une vacance de la présidence, la poursuite des assassinats politiques, des combats entre l'armée et des islamistes et l'affaiblissement d'une économie déjà bancale.

Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), cette démocratie parlementaire devait se retrouver à la fin de l'année sans chef de l'Etat, avec une chambre de députés qui ne légifère pas depuis plus d'un an et un gouvernement jugé illégitime par une partie de la classe politique.

En pleine paralysie des institutions, l'armée, considérée jusqu'a présent comme la seule entité solide du pays, a été frappée à la fin de l'année par l'assassinat d'un de ses généraux, une première dans la série d'assassinats visant notamment des hommes politiques depuis 2004.

L'assassinat de ce général qui était supposé remplacer le chef de l'armée, Michel Sleimane, a été interprété comme un message à ce dernier, pressenti pour devenir le futur président de la République.

"Tout le monde disait que les choses allaient changer en 2007 après le départ de (l'ancien président pro-syrien) Emile Lahoud (le 23 novembre). Or rien n'a changé", estime Paul Salem, du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient .

La crise politique, déclenchée en novembre 2006 après la démission des ministres de l'opposition appuyée par Damas et Téhéran, a consacré en 2007 la division du pays entre ce camp et la majorité parlementaire antisyrienne.

La confrontation entre les deux parties sur une question de partage de pouvoir est interprétée comme un prolongement du bras de fer entre l'Occident, d'une part, et la Syrie et l' Iran d'autre part.

L'impasse a mobilisé des médiations internationales inédites, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner allant même jusqu'à effectuer sept missions à Beyrouth en l'espace de six mois, sans succès.

La séance au Parlement, qui élit le président, a été reportée une dizaine de fois, malgré d'intenses pressions de la communauté internationale, notamment de la France et des Etats-Unis sur la Syrie, ancienne puissance de tutelle accusée de bloquer le processus.

L'année avait débuté par des affrontements entre pro-gouvernementaux de confession sunnites et partisans de l'opposition menée par le Hezbollah chiite, qui se sont soldés par la mort d'au moins sept personnes.

Ces incidents ont fait craindre que ce petit pays méditerranéen ne bascule de nouveau dans le chaos et les conflits inter-communautaires.

En mai, l'armée s'est engagée dans des combats sanglants avec le Fatah al-Islam, un groupuscule islamiste qui dit avoir des affinités avec le réseau terroriste Al-Qaïda . Résultat: plus de 400 morts, dont 168 militaires, et 31.000 déplacés du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, dont seuls 8.000 y sont retournés.

Ces événements imprévus ont fait craindre que la "poudrière" des 12 camps palestiniens dans le pays, considérés comme des îlots de non-droit, n'explose à tout moment dans l'avenir.

Cet été également, la Force intérimaire de l' ONU (Finul) a été la cible de deux attaques, les premières contre les Casques bleus depuis la fin de la guerre entre Israël et le Hezbollah chiite l'été 2006. Des islamistes y ont été également impliqués.

Mais c'est surtout la poursuite des assassinats visant des personnalités de haut rang qui ne laisse pas espérer de répit pour 2008.

En plus du général François el-Hajj le 12 décembre, l'année 2007 a été ponctuée du meurtre de deux députés anti-syriens, Walid Eido et Antoine Ghanem, poussant une quarantaine de parlementaires de la majorité à se cantonner dans un hôtel pendant plusieurs semaines par crainte de connaître le même sort.

Tout comme pour l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005 et des huit autres meurtres qui ont suivi, l'identité du ou des instigateurs reste inconnue, bien que la Syrie soit toujours pointée du doigt par la majorité.

Un progrès a toutefois été enregistré en juin: un tribunal à caractère international chargé de juger les inculpés dans l'assassinat de Rafic Hariri a vu le jour conformément à une résolution du Conseil de sécurité.

Malgré une tension toujours palpable à la frontière avec Israël, l'Etat hébreu a remis au Hezbollah un prisonnier et les dépouilles de deux militants du mouvement chiite, contre les restes d'un Israélien et des informations sur le pilote israélien disparu au Liban en 1986, Ron Arad.

La crise au Liban est également économique: les agences de notation Standard & Poor's et Moody's ainsi que le Fonds monétaire international (FMI) ont mis en garde contre les conséquences du vide présidentiel sur les finances publiques d'un pays qui ploie sous une dette de 40,5 milliards de dollars.

Après la guerre de 2006, les événements de Nahr al-Bared ont fait fuir encore plus les touristes, et le pays se vide progressivement de ses jeunes.

 

   
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