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Un an après l'indépendance, le Kosovo reste fragile

Reuters, le 15 février 2009

Un an après avoir déclaré son indépendance, le Kosovo possède un drapeau, un hymne et des services de renseignement.

Mais quiconque veut téléphoner dans l'ancienne province serbe en passant par le réseau terrestre doit composer un numéro via la Serbie. Et la présence de l'euro, monnaie nationale, paraît bien étrange dans ce territoire où l'adhésion à l' Union européenne semble encore un rêve très lointain.

Le Kosovo a proclamé son indépendance le 18 février 2008. Plus de cinquante pays l'ont reconnue, dont les Etats-Unis et 22 des 27 membres de l'Union européenne. Mais d'autres puissances, comme la Russie ou la Chine, ont pris le parti de Belgrade en refusant d'admettre la sécession de cette province peuplée à 95% d'Albanais de souche.

Sur 10.000 kilomètres carrés cohabitent aujourd'hui difficilement deux millions d'albanophones et 120.000 Serbes soutenus administrativement et politiquement par Belgrade. Cinquante mille Serbes vivent dans la partie nord du Kosovo, reliée par la route à la Serbie, tandis que 70.000 autres habitent en territoire albanophone, dans des enclaves au sud de la rivière Ibar, protégés par des milliers de soldats de l'Otan.

Les jeunes générations de Serbes ou d'Albanais de souche ne parlent même pas la même langue.

"Il y a toujours des tensions et le risque d'explosions de violence existe encore", souligne Peter Balmer, directeur des Balkans pour l'International Crisis Group. Cela dit, ajoute-t-il, il n'y a pas eu "le haut degré de violence et l'exode serbe que certains avaient prédit ou redouté".

Les Serbes qui vivent au Kosovo affirment qu'ils ne se soumettront jamais à l'autorité de Pristina. Ils se rendent toujours en Serbie pour obtenir leurs certificats de naissance, leurs permis de conduire ou leurs passeports.

18 AMBASSADES

"Pour moi, ce ne sera jamais un Etat, ça restera toujours une partie de la Serbie", déclare Miroslav Janicijevic, un jeune habitant serbe de Mitrovica.

La ville concentre toutes les divisions entretenues par des années de conflit. Ici, beaucoup de voitures serbes ne portent aucune plaque d'immatriculation, symbole d'une résistance passive au pouvoir kosovar.

Chaque communauté s'aventure rarement de l'autre côté de l'Ibar. "Je ne me sens pas en sécurité au milieu des Serbes", confie Riza Dushi, un retraité albanophone qui habite dans la partie serbe de la localité.

Le Kosovo, considéré par Belgrade comme le berceau de la nation serbe, a été placé sous administration des Nations unies après la campagne de bombardements de l'Otan du printemps 1999 destinée à mettre fin à la répression et aux opérations de nettoyage ethnique menées par les forces serbes.

Depuis la proclamation d'indépendance, les autorités de Pristina ont ouvert 18 ambassades, la plupart dans des pays occidentaux. Elles espèrent intégrer cette année la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, mais la Serbie, appuyée par la Russie, bloque ses efforts auprès des institutions internationales.

L'assemblée générale des Nations unies a ainsi accepté d'étudier une requête de Belgrade contestant la légalité de la sécession du Kosovo auprès de la Cour internationale de justice. Le tribunal de La Haye devrait prendre un ou deux ans avant d'émettre un avis.

En attendant, le Kosovo est soutenu à bout de bras et à coups de millions d'euros par la communauté internationale, par le biais d'une mission de l'Onu, d'une force de l'Otan composée de 15.000 hommes, et d'une mission de justice et de police de l'Union européenne.

"Cette structure compliquée, avec de nombreux participants, n'est évidemment pas idéale", souligne Peter Palmer. "Mais c'est la réalité, forgée par le manque de consensus international."


   

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