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Violences au Kazakhstan : des responsables limogés, accusations de tortures

AFP, le 22 décembre 2011

Les autorités du Kazakhstan ont limogé jeudi plusieurs hauts responsables après la répression d'émeutes la semaine dernière dans l'ouest de ce pays d'Asie centrale, où l'opposition accuse les autorités de torturer les contestataires détenus.

Le président Noursoultan Nazarbaïev s'est rendu jeudi dans la région de Manguistaou où ces violences ont eu lieu, et en marge de cette visite les autorités ont annoncé le limogeage du gouverneur régional ainsi que des patrons du géant des hydrocarbures de l'Etat kazakh Kazmounaïgas et de pluusiers de ses filiales qui employaient les grévistes.

M. Nazarbaïev a en outre rencontré les habitants de la ville de Janaouzen, épicentre des émeutes.

Au moins 16 personnes ont été tuées depuis vendredi dans la région, dont 15 à Janaozen où la police a tiré à balles réelles pendant des heurts avec des grévistes du secteur pétrolier.

Le régime kazakh a affirmé que les troubles avaient été organisés par des "voyous" qui s'étaient cachés derrière les employés en grève.

L'opposition, qui accuse la police d'avoir réprimé dans le sang un mouvement de contestation social au lieu de chercher à arrêter les fauteurs de troubles, a dénoncé jeudi des dizaines d'arrestations et le recours à la torture dans les prisons de Janaozen.

"Le pouvoir, qui a ouvert le feu sur son propre peuple, ne va pas se gêner pour obtenir des aveux à coups de poing", accuse la coalition d'opposition, Khalyk Maïdany (Front populaire).

"Les proches des détenus auxquels il a été possible de parler racontent qu'un véritable règlement de comptes est en cours. Les gens sont torturés, battus et on les force à faire des aveux", poursuit le communiqué.

De son côté, l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a appelé jeudi Astana à "ouvrir immédiatement une enquête" sur les soupçons de tortures et de mauvais traitements.

Le procureur du Kazakhstan, Achkat Daoulbaïev, a pour sa part dit "inviter des experts des Nations unies à prendre part à l'enquête sur les événements", a indiqué le parquet sur son site.

L'ONU s'est déclarée "très inquiète" de ces violences et une vidéo circulant sur internet montre des membres des forces de sécurité tirant à l'arme automatique sur des contestataires en fuite et en frappant d'autres, blessés, au sol.

Un nouveau bilan officiel des émeutes à Janaozen a fait état de 15 morts, une personne ayant succombé à ses blessures. Une autre personne a été tuée dans des heurts samedi à Chetpe, à mi-chemin entre Janaozen et Aktaou, la principale ville de la région.

Les autorités ont répété ces derniers jours que la situation était désormais sous contrôle et le parquet a affirmé qu'aucune infraction à l'ordre public n'avait été enregistrée à Janaozen au cours des quatre derniers jours.

Plusieurs grèves ont eu lieu ces derniers mois dans cette région qui regorge de pétrole, située sur la rive orientale de la mer Caspienne.

Les violences de ce type sont inhabituelles dans cette ancienne république soviétique qui se targuait d'être l'Etat le plus stable de la région, d'attirer les investisseurs étrangers et qui entretient de très bonnes relations avec l'Occident, la Russie et la Chine.

Mais, ces derniers mois, les troubles se sont multipliés : une mutinerie dans une prison a fait seize morts en juillet et plusieurs policiers ont été tués dans des attentats, des actes revendiqués par des mouvements islamistes.

Le Kazakhstan, qui est dirigé d'une main de fer par M. Nazarbaïev depuis la période soviétique, assure cependant que la stabilité du pays n'est pas menacée, relevant notamment que la production de pétrole dans l'Ouest n'a pas été perturbée par les récentes violences.




Carte du Kazakhstan


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