JERUSALEM - Les Palestiniens de Jérusalem-Est sont de plus en plus nombreux à demander la nationalité israélienne. Non par amour pour l'Etat hébreu, mais pour des raisons plus pratiques, comme pouvoir voyager sans perdre leur droit de résidence.
Israël a annexé Jérusalem-Est après la guerre des Six Jours en 1967, délivrant des cartes d'identité israéliennes à ses habitants palestiniens. Depuis, ceux-ci ont la possibilité de prendre la citoyenneté israélienne. Peu ont franchi le pas jusqu'ici, le simple fait de coopérer avec l'Etat hébreu, et encore plus d'accepter sa nationalité, étant tabou dans la société palestinienne.
Reste que si le nombre de candidats reste faible - quelques centaines par an -, il est en augmentation constante depuis plusieurs années. Ces cinq dernières années, 3.000 Palestiniens ont demandé la nationalité israélienne et 2.300 l'ont obtenue, selon le ministère israélien de l'Intérieur. Le nombre de Palestiniens naturalisés a augmenté chaque année au cours de la période, passant de 147 en 2006 à 690 en 2010.
Désormais, 5% de la population arabe de Jérusalem-Est, soit 13.000 personnes, ont la nationalité israélienne, précise Sabine Hadad, porte-parole du ministère de l'Intérieur. L'Autorité palestinienne, qui administre la Cisjordanie et pousse à la création d'un Etat avec Jérusalem-Est pour capitale, désapprouve cette tendance.
"Nous pensons que ce n'est pas bien, cela n'aide pas", explique son porte-parole Ghassan Khatib. "Nous déconseillons aux Palestiniens de faire cela."
Plusieurs facteurs expliqueraient la progression des demandes de naturalisation. Un chauffeur de taxi raconte avoir déposé une demande de naturalisation l'an dernier pour lui et son épouse afin de pouvoir voyager à l'étranger sans risque de perdre leur droit de résidence. L'homme préfère garder l'anonymat par crainte de représailles de militants palestiniens.
D'autres demandent la nationalité israélienne parce qu'ils ont perdu espoir dans la capacité des dirigeants palestiniens à créer un Etat indépendant, selon Mariam Ikermawi, directrice de l'ONG palestinienne Centre de Jérusalem pour les femmes. D'autres encore craignent qu'un futur Etat palestinien ne tombe sous la coupe du Hamas, au pouvoir dans la Bande de Gaza.
Les Palestiniens accusent Israël de chercher à les expulser de Jérusalem-Est, en intensifiant une pratique consistant à priver de leur droit de résidence ceux qui quittent la ville pendant une longue période.
Selon l'organisation israélienne HaMoked, qui défend les droits des Palestiniens, le ministère de l'Intérieur a révoqué la résidence de 4.577 habitants de Jérusalem-Est en 2008, soit 20 fois plus que la moyenne annuelle des 40 années précédentes.
Même sans nationalité israélienne, les Palestiniens de Jérusalem-Est bénéficient d'avantages liés à leur statut de résident : leur carte d'identité israélienne leur permet de circuler librement dans le pays et de bénéficier du système de protection sociale israélien. Ce qui n'est pas le cas des Palestiniens de Cisjordanie.
|