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Fatwa contre le yoga en Indonésie - 26/01/2009

 

L'Indonésie s'inquiète d'un regain des violences religieuses

AFP, le 8 février 2011
 

L'incendie de deux églises chrétiennes et une attaque meurtrière contre une organisation musulmane minoritaire font craindre un regain de l'intolérance religieuse en Indonésie, où le gouvernement est accusé de laxisme face aux mouvements islamistes violents.

Les deux églises ont été prises pour cible mardi matin par une foule d'environ 1.500 personnes en colère réclamant la peine de mort pour un chrétien accusé d'avoir blasphémé l'Islam.

Les manifestants ont considéré que sa condamnation à cinq de prison était bien insuffisante bien qu'il s'agisse de la peine maximale prévue pour ce délit.

"Ils ont scandé "tuez" et "brûlez" en se dirigeant vers les églises", dont "les fenêtres ont été brisées et les toits incendiés", a témoigné Djihatono, un porte-parole de la police de Temanggung, ville du centre de l'île de Java. Ces attaques ont été aussitôt dénoncées par les organisations défendant le pluralisme et les droits de l'homme, qui s'alarment d'une montée des violences liées à la religion ces derniers mois.

L'Indonésie est le pays comptant le plus de musulmans au monde (près de 90% de sa population), mais sa Constitution stipule que l'islam n'est pas une religion d'Etat et affirme la liberté de culte.

Les actes de violence ne visent pas seulement les chrétiens, qui forment moins de 10% de la population, comme l'a prouvé l'attaque perpétrée dimanche contre Ahmadiyah, un mouvement minoritaire issu de l'Islam. Trois de ses membres ont été tués dimanche à coups de machettes et de pierres par une foule d'un millier de personnes à l'appel d'organisations islamistes voulant empêcher un rassemblement dans un village de Java.

"Cette attaque brutale contre Ahmadiyah illustre l'échec du gouvernement indonésien à protéger les minorités religieuses", a réagi Donna Guest, directrice adjointe d'Amnesty International pour l'Asie.

Les autorités sont particulièrement critiquées pour "l'impunité" dont semblent bénéficier certaines organisations islamistes qui ont pignon sur rue et se transforment en milices pour mener des opérations coups de poing. La plus célèbre d'entre elles est le Front des défenseurs de l'islam (FPI), forte de plusieurs milliers de sympathisants, qui prône une réislamisation de la société, jugée "décadente".

"Ces organisations intolérantes savent comment manipuler la population pour mener leurs actions violentes", a dénoncé mardi Hendardi, le président de l'Institut Setara pour la démocratie et la paix.

Ainsi, l'incendie des deux églises "est certainement le fait de fauteurs de troubles venus d'ailleurs, pas de mes voisins musulmans avec qui nous vivons en paix depuis des décennies", a estimé Dudi, un instituteur chrétien de la ville de Temanggung.

Inquiets de la détérioration de la situation, les plus haut responsables des six principales religions avaient déjà exhorté en janvier le président Susilo Bambang Yudhoyono à faire preuve d'une bien plus grande autorité pour faire respecter la liberté religieuse.

Il s'agit, ont-ils averti, d'éviter que puissent se reproduire les graves violences inter-confessionnelles qui avaient provoqué des milliers de morts au début des années 2000, en particulier dans les îles des Moluques et de Sulawesi.

"L'Indonésie est un pays tolérant qui doit se montrer intolérant avec les groupes extrémistes", a également appelé lundi à Washington le président de la commission américaine sur la liberté religieuse, Leonard Leo.

 

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