Des militants de gauche et antiracistes ont manifesté samedi à Athènes tandis que les jeunes restaient très mobilisés, quinze jours après une bavure policière meurtrière, qui a déclenché des protestations inédites en Grèce et fragilisé le gouvernement de droite.
A l'appel du Comité contre le "Pacte d'immigration et d'asile de l'Union européenne ", environ 200 membres d'organisations antiracistes et de gauche se sont rassemblés devant l'Université d'Athènes, dans le centre de la capitale, avant de défiler jusqu'au Parlement.
Environ un million d'immigrés vivent en Grèce, soit environ 10% de la population, dont plus de 200.000 ne sont pas régularisés. Le nombre de sans papiers n'a cessé d'augmenter ces derniers mois avec de nombreuses arrivées en provenance du Pakistan , d' Afghanistan et d' Irak .
A l'issue de cette manifestation, un groupe de jeunes a lancé des projectiles contre le cordon de forces anti-émeutes, qui entouraient un sapin de Noël installé par la ville. Les forces d'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour les disperser et ont interpellé six personnes, a rapporté la télévision publique Net.
La manifestation antiraciste était soutenue par le syndicat des professeurs du secondaire (Olme), qui dénonce comme plusieurs syndicats, "l'arbitraire et la mauvaise organisation" de la police, après la mort d'Alexis Grigoropoulos, 15 ans, tué par un policier le 6 décembre à Athènes.
Un autre incident, au cours duquel un lycéen de 16 ans, fils d'un syndicaliste enseignant connu, a été légèrement blessé mercredi par une balle tirée par une personne non identifiée, a accru la colère des jeunes.
La coordination des lycéens a décidé samedi de se réunir après les vacances de Noël pour se prononcer sur la poursuite de leur mobilisation, alors qu'environ 700 lycées restaient occupés.
Les étudiants continuaient également d'occuper plusieurs universités, dont l'Ecole Polytechnique d'Athènes, dans le quartier d'Exarchia, théâtre de violents heurts entre policiers et jeunes. Un rassemblement était prévu samedi soir à l'endroit où a été tué le jeune Alexis.
Toutefois, un rythme d'activité proche de la normale semblait reprendre à Athènes et dans d'autres villes secouées par la mobilisation. Celle-ci a aussi pris une tournure sociale alors que le Parlement doit voter dimanche le budget pour 2009, jugé "d'austérité" par la gauche et les syndicats.
Même si le Premier ministre Costas Caramanlis a promis des indemnisations pour les commerçants, dont leur magasins ont subi des dégâts lors des manifestations récentes, ainsi que des mesures pour stimuler le tourisme touché par la crise économique mondiale, les syndicats et le principal parti de l'opposition socialiste, le Pasok, ne cessent de dénoncer "l'incapacité" du gouvernement à gérer la "crise".
Le Pasok a de nouveau appelé vendredi à des élections anticipées. Plusieurs quotidiens, pro-gouvernementaux comme de l'opposition, ont évoqué samedi un possible remaniement ministériel après Noël, pour faire face à la baisse de la cote de popularité du gouvernement conservateur.
A Salonique (nord), un groupe de jeunes a fait irruption samedi dans le théâtre central d'Olympion tandis qu'un autre groupe a lancé des pâtisseries contre le maire de Salonique, Vassilis Papagéorgopoulos, qui participait à la fête d'une organisation caritative.