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Gaza : le Hamas règne en maître, au moins 116 morts en une semaine de combats GAZA (AFP), le 15 juin 2007 Consacrant la division, le président et chef du Fatah Mahmoud Abbas a chargé le ministre sortant des Finances, Salam Fayyad, un indépendant qui a les faveurs de l'Occident, de former un nouveau gouvernement d'urgence après le limogeage du cabinet dominé par le Hamas. Le Hamas a immédiatement jugé cette nomination "contraire à toutes les lois" et dénoncé un "coup d'Etat contre la légalité", tandis que le Premier ministre limogé, Ismaïl Haniyeh, assurait que le gouvernement sortant "continuerait à assumer ses fonctions". A Damas, le numéro un du mouvement islamiste Khaled Mechaal a accusé la communauté internationale de porter la "responsabilité essentielle" de la crise. Il a proposé un dialogue au Fatah sous "patronage arabe", à quoi le parti du président a opposé une fin de non recevoir. Les Palestiniens risquent maintenant de se retrouver avec deux gouvernements: celui dirigé par le Hamas dans Gaza et le nouveau cabinet formé par Mahmoud Abbas en Cisjordanie. La situation dans Gaza, redevenue calme sous le contrôle des combattants armés et parfois masqués du Hamas, suscitait l'inquiétude de la communauté internationale. La Maison Blanche a affirmé son soutien à Mahmoud Abbas, de même que l'ONU et le Quartette international pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU). La présidence allemande de l'Union européenne a condamné une "prise de pouvoir violente" par des "milices illégales" tandis que Paris a annoncé le versement d'une "contribution" financière à l'Autorité palestienne. La Ligue arabe s'est réunie au Caire, où les autorités égyptienne ont condamné le Hamas, pour s'être "emparé du pouvoir". A Gaza-ville, des milliers de partisans du Hamas se sont rassemblés devant le Parlement pour célébrer leur victoire, brandissant des exemplaires du Coran, des drapeaux verts et louant leur mouvement et sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam. Ses membres paradaient sur des véhicules blindés pris à la garde présidentielle. Les habitants ont commencé à sortir après être restés terrés chez eux du 7 au 14 juin par peur des combats, qui ont fait au moins 116 morts et 550 blessés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Symbole de leur prise du pouvoir, des combattants du Hamas étaient déployés à l'intérieur d'al-Mountada, le complexe présidentiel abritant les bureaux de M. Abbas. Des activistes ont emporté ordinateurs, documents et armes. Des dizaines de Palestiniens se sont rués sur les villas abandonnées des responsables du Fatah, et ont pillé les quartiers généraux de la sécurité. Les pillards ont pénétré dans la villa de Mohammad Dahlane, l'ex-homme fort du Fatah à Gaza. Ils ont emporté meubles, éviers, robinets et même des plantes en pot. Des combattants du Hamas assuraient en revanche la protection de la villa de M. Abbas. "Les combats entre Hamas et Fatah ne font plaisir à personne. Les deux sont nos fils mais j'espère que le règne du Hamas sera meilleur", dit Oum Khalil Qmeitah, une mère de famille venue aux abords du complexe comme des dizaines d'autres curieux. "Nous avons porté le coup de grâce à la cause palestinienne de nos propres mains. Ce qui s'est passé nous a ramené des dizaines d'années en arrière. Le monde ne reconnaîtra jamais un Etat palestinien à Gaza et un autre en Cisjordanie", affirme Abou Saïd, concierge d'une école proche. Pour un haut responsable du Fatah, Saëb Erakat, la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas est "la pire chose" arrivée aux Palestiniens depuis la guerre de 1967 lorsque Israël avait occupé leurs territoires. Le Hamas a annoncé avant l'aube avoir pris le contrôle de l'ensemble de la bande de Gaza après s'être emparé de la totalité des quartiers généraux des forces de sécurité fidèles à M. Abbas, qui a dénoncé en Cisjordanie un coup militaire et limogé le gouvernement d'union. Il a aussi annoncé des élections anticipées à une date indéterminée. La bande de Gaza est coupée du reste du monde, les points de passages avec Israël et l'Egypte ayant été fermés "jusqu'à nouvel ordre" par l'armée israélienne. De l'autre côté de la frontière, Israël réfléchit à une stratégie face au Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste. Le journal Maariv a évoqué "un scénario-catastrophe devenu une réalité". Un haut responsable gouvernemental israélien a cependant déclaré que l'Etat hébreu serait prêt à reprendre une "coopération totale", y compris financière, avec le futur cabinet d'urgence. Le gouvernement d'union était en place depuis mars après un accord de réconciliation. Mais les violences ont continué, la lutte de pouvoir entre le Fatah et le Hamas, vainqueur des dernières élections, se cristallisant autour des services de sécurité qui comptaient des dizaines de milliers d'hommes pour la plupart fidèles au Fatah.
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