Washington poursuit l'Arizona
Radio Canada, le 6 juillet 2010
L'administration fédérale américaine conteste devant la justice la loi controversée sur l'immigration adoptée en avril par l'Arizona, État du sud-ouest du pays frontalier avec le Mexique.
La poursuite a été déposée mardi par le département de la Justice devant un tribunal fédéral de l'Arizona, trois semaines avant l'entrée en vigueur de la loi, le 29 juillet
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Dans sa plainte de 25 pages, l'administration de Barack Obama argue que les questions d'immigration relèvent de l'État fédéral et non de chaque État individuellement. Elle réclame une ordonnance provisoire, puis permanente pour annuler la loi.
Washington reconnaît qu'un État américain a le droit d'exercer un pouvoir politique lui permettant d'avoir une influence directe ou indirecte sur les étrangers, mais estime qu'il « ne peut pas établir de son propre fait une politique de l'immigration », selon la plainte déposée.
La Constitution et la loi fédérale sur l'immigration n'autorisent pas le développement d'une mosaïque de politiques locales de l'immigration à travers le pays.
— Extrait de la plainte
Cette initiative législative « interfèrerait avec les intérêts vitaux de politique étrangère et de sécurité nationale en perturbant les relations des États-Unis avec le Mexique et d'autres pays », peut-on également lire dans les documents déposés au tribunal.
Une loi controversée
La loi en question a été adoptée par le Congrès de l'Arizona, dominé par les républicains, afin de tenter d'enrayer le trafic de drogue ainsi que le flux d'immigrants clandestins mexicains qui franchissent illégalement la frontière chaque mois.
Elle enjoint aux policiers d'interpeller tout étranger soupçonné d'être un immigré clandestin. Jusqu'alors, il fallait qu'il ait commis une infraction. Ses détracteurs estiment qu'elle est contraire à la Constitution et qu'elle risque d'entraîner une multiplication des contrôles au faciès.
La procédure engagée est intentée quelques jours après un discours du président Obama appelant à une vaste réforme de la politique d'immigration américaine, qu'il a jugée « en panne ».
Elle survient également à quatre mois des élections de mi-mandat, qui s'annoncent difficiles pour les démocrates. La réponse de l'administration Obama constitue par ailleurs un pari politique, puisque 59 % des Américains sont en faveur de la loi, selon un sondage mené par le Centre de recherche Pew.
Critiques du camp républicain
Les deux sénateurs républicains de l'Arizona, John McCain et Jon Kyl, ont fustigé, dans un communiqué conjoint, l'initiative de l'administration Obama. Ils ont notamment dénoncé son « incapacité » à endiguer l'immigration illégale et jugé la poursuite prématurée, puisque le texte n'est pas entré en vigueur.
« L'administration Obama ne fait pas tout ce qu'elle peut pour protéger la population de l'Arizona de la violence et des crimes que l'immigration illégale apporte dans notre État, affirment-ils dans leur communiqué. « Le peuple américain doit se demander si l'administration Obama est vraiment engagée à sécuriser la frontière lorsqu'elle poursuit un État qui cherche simplement à protéger ses habitants en faisant respecter une loi sur l'immigration ».
Applaudissements au Mexique
Le gouvernement mexicain s'est de son côté réjoui du dépôt de la plainte. Fin juin, Mexico avait demandé à la Cour fédérale de l'Arizona de déclarer la loi « anticonstitutionnelle ».
Quelques semaines auparavant, le président mexicain Felipe Calderon, en visite à Washington, l'avait dénoncée haut et fort. Son homologue américain avait promis d'examiner cette législation de près.
Près de 11 millions de clandestins seraient présents sur le territoire américain. L'Arizona compterait 460 000 sans papiers, dont 400 000 Mexicains.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Reuters