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Les Ouïgours de Guantanamo ne seront pas relâchés sur le sol américain

 
 

Prison de Bagram, Obama déçoit

Libération, le 23 février 2009


L'administration de Barack Obama s'est alignée sur celle de son prédécesseur en demandant à la justice de ne ... pas accorder aux détenus de la base de Bagram en Afghanistan les mêmes droits qu'à ceux de Guantánamo. Quatre plaignants, deux Yéménites, un Afghan et un Tunisien, et les centaines de détenus de Bagram demandaient à la justice américaine le droit de contester leur détention devant une juridiction civile américaine et d'obtenir un avocat. La décision des avocats du nouveau gouvernement de ne pas les suivre sur ce terrain a décontenancé les défenseurs des droits de l'homme. Elle a été qualifiée de «décevante» par une des avocates des plaignants.

Bagram, un Guantanamo afghan ?

Le Monde, le 23 janvier 2009

Guantanamo a marqué les années Bush. Bagram ternira-t-il l'ère Obama ? Situé au nord-est de Kaboul, le plus important centre de détention américain d'Afghanistan compte près de 630 prisonniers capturés par les forces de la coalition. Afghans pour la plupart, tous ne sont pas des "combattants ennemis" , mais, à en croire les rapports du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), leur sort n'a rien à envier à celui des détenus de Guantanamo.

Avant de devenir une base aérienne américaine, Bagram a servi de camp à l'armée soviétique en Afghanistan. C'est dans ces vieux hangars désaffectés ou sous quelques toiles de tente plantées à la hâte que sont gardés les détenus. "Beaucoup de prisonniers de Guantanamo sont passés par là, après avoir transité par Kandahar et d'autres centres de détention secrets en Afghanistan. C'est facile d'affréter des vols en partance de Bagram" , explique Yves Prigent, responsable de la commission "torture" au sein de l'ONG Amnesty International.

Absente des plans de la nouvelle administration, la prison de Bagram a pourtant eu ses sombres heures de gloire. Prisonniers maltraités, humiliés ou torturés... Les pratiques controversées de l'armée américaine en Afghanistan, entre 2002 et 2003, ont fait l'objet d'investigations militaires, exposées en détail par le New York Times en 2005. L'enquête portait notamment sur la mort de deux prisonniers afghans, Dilawar, un chauffeur de taxi de 22 ans, et Mollah Habibullah, le frère d'un commandant taliban d'une trentaine d'années, battus à mort pendant leurs interrogatoires.

LES DÉTENUS "N'ONT JAMAIS VU UN JUGE OU UN AVOCAT"

Seule organisation autorisée à se rendre sur place, le CICR reconnaît que des progrès ont été accomplis en cinq ans. Depuis janvier 2008, les détenus peuvent communiquer une fois tous les deux mois avec leurs proches grâce à un système de vidéoconférence. Des commissions chargées de réexaminer la détention des "combattants ennemis" tous les six mois ont été mises en place, conformément à une décision de la Cour suprême américaine de juin 2008. "Mais les conditions de vie restent très dures" , précise Yves Prigent. "La base n'a pas été conçue pour ça. Les détenus ne sont pas répertoriés, beaucoup sont incarcérés sans inculpation et ceux qui sont relâchés n'ont jamais vu un juge ou un avocat" . Quelques tentatives pour transférer les prisonniers sous contrôle des autorités afghanes ont vu le jour, mais elle se sont toutes soldées par un échec, Kaboul refusant d'adopter les critères d'incarcération de l'administration Bush.

Depuis l'été dernier, des travaux sont en cours pour agrandir et moderniser le centre de détention. Des salles de classe – où ils seront notamment amenés à discuter de religion – et de réunion pour l'accueil des familles devraient être réalisées, ainsi que des quartiers de haute sécurité pour les détenus les plus dangereux. Le montant des travaux, estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars, laisse à penser que les détentions vont se multiplier dans les mois à venir. En revanche, il n'est pas sûr que le respect des droits de l'homme suive.

Le 7 janvier, quatre détenus ont demandé au juge fédéral Bates de bénéficier des mêmes droits que les détenus de Guantanamo, à savoir la possibilité de contester leur détention devant la justice civile. Le gouvernement américain a plaidé que la prison de Bagram n'était en aucun cas comparable à celle de Guantanamo, puisqu'elle est située "sur le champ de bataille" . L'argument ne semble pas avoir convaincu le juge Bates, qui a interpellé Barack Obama, vendredi 23 janvier, sur le cas de ces détenus.

Décidée à recentrer l'effort de guerre sur le front afghano-pakistanais, la nouvelle administration aura fort à faire pour que Bagram ne devienne pas un nouveau Guantanamo. Mais, à en croire le ScotusBlog, consacré au décisions de la Cour suprême américaine, rien ne devrait être décidé avant six mois.


   

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