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  Les islamistes font fuir les laïques place Tahrir, au Caire

Reuters, le 29 juillet 2011

LE CAIRE (Reuters) - Une trentaine de partis politiques et de mouvements laïques ont quitté la manifestation organisée vendredi sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, en accusant les islamistes de l'avoir détournée de son but.

Des slogans religieux comme "il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah" ou "l'Egypte est islamique" ont été scandés par les Frères musulmans et les salafistes, qui avaient participé à une grande manifestation le 8 juillet pour réclamer l'accélération des réformes mais se sont ensuite désolidarisés du mouvement contestataire.

Un dirigeant des Frères musulmans a justifié le retour des islamistes sur la place en parlant d'un "Vendredi de l'unité de toutes les forces politiques", destiné à faire pression sur l'armée à cinq jours du début du procès d'Hosni Moubarak, mais cette déclaration d'intention n'a pas empêché les profondes divergences entre contestataires d'éclater au grand jour.

"Il y a tellement de barbes (islamiques). On se sent clairement oppressés", a souligné Sami Ali, un étudiant présent sur la place Tahrir, selon lequel les salafistes ont essayé de séparer les hommes et les femmes qui campent sur la place depuis trois semaines.

De nombreux manifestants présents vendredi sur Tahrir appartenaient à des mouvements fondamentalistes salafistes.

Un communiqué signé par une trentaine de partis politiques et de mouvements laïques, libéraux ou de gauche, a dénoncé la mainmise des islamistes sur la manifestation.

Selon le texte, tous les participants s'étaient mis d'accord sur un ordre du jour dénonçant "les tentatives du Conseil militaire (au pouvoir) de diviser les révolutionnaires et de déformer leur image", mais les islamistes ont "violé cet accord".

FRERES MUSULMANS DIVISÉS

Le départ du "groupe des 30" a été critiqué par un dirigeant des Frères musulmans. "Les slogans salafistes ne devraient pas être une raison de se retirer. Chacun a le droit de s'exprimer", a-t-il dit.

Des jeunes Frères musulmans, en conflit ouvert avec leur hiérarchie, ont cependant exprimé leur malaise.

"Il y a certainement des membres de la confrérie qui sont agacés par la façon dont les groupes salafistes ont pris le contrôle de la place", a-t-il assuré.

Certaines banderoles proclamant que "la loi islamique est au-dessus de la Constitution" ont ravivé l'inquiétude des libéraux et des laïques qui craignent que les islamistes ne cherchent à imposer un Etat religieux s'ils remportent les élections législatives de l'automne prochain.

Selon le calendrier fixé par l'armée et validé en mars par référendum, le Parlement désignera une assemblée constituante qui sera chargée de rédiger la nouvelle Constitution.

Les libéraux plaident pour l'adoption d'un Etat "civil" et moderne, mais ils ont peu de chances d'être entendus.

Les tensions entre salafistes et laïques ont gagné d'autres villes du pays, notamment Suez (est), où le parti libéral Wafd et la Coalition révolutionnaire de Suez ont également quitté la manifestation.

"Nous avons décidé de ne pas y participer quand il est devenu évident que les groupes religieux tenaient à scander des slogans qui sèment la division", a expliqué Ali Amin, un membre du Wafd, cité par l'agence officielle Mena.

MOUBARAK EN PROCÈS

Tous les mots d'ordre lancés vendredi sur la place Tahrir n'étaient cependant pas religieux.

"L'armée et le peuple, main dans la main", ont scandé certains manifestants en reprenant un slogan de la "révolution du Nil" tombé en désuétude, les jeunes révolutionnaires accusant le Conseil suprême des forces armées (CSFA) de ne pas avoir rompu assez franchement avec le régime d'Hosni Moubarak.

Les islamistes disent vouloir laisser du temps à l'armée, alors que les libéraux, comme le Mouvement du 6-Avril, entendent maintenir la pression pour obtenir une accélération des procès des symboles de l'ancien régime, la purge des institutions étatiques ou la fin des procès devant des tribunaux militaires.

L'une des principales revendications des manifestants est l'accélération du procès d'Hosni Moubarak, renversé le 11 février et hospitalisé dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh depuis qu'il a été placé en détention provisoire en avril.

Les autorités judiciaires ont annoncé jeudi que son procès, ainsi que celui de ses deux fils, Alaa et Gamal, et celui de l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib al Adly, tous poursuivis pour meurtres de manifestants, se déroulerait au Caire, et non à Charm el-Cheikh.

Mais une source proche de Moubarak a confié que son avocat dirait au tribunal que le président déchu est trop affaibli pour assister à l'audience inaugurale du procès, programmée le 3 août.

Hosni Moubarak, 83 ans, refuserait de s'alimenter, selon des sources médicales, mais beaucoup d'Egyptiens soupçonnent l'armée de ne pas vouloir infliger une humiliation publique à son ancien commandant en chef.




 

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