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Dix morts dans des violences entre coptes et musulmans au Caire
LE MONDE/ AFP, le 9 mars 2011
Selon un nouveau bilan communiqué par le ministère de la santé égyptien, dix personnes ont été tuées et 110 blessées mardi 8 mars au soir dans les affrontements survenus entre chrétiens coptes et musulmans dans un quartier pauvre du Caire. Le ministère ne précise pas la confession des victimes mais un précédent bilan faisait état de six chrétiens coptes tués.
Ce chiffre avait été fourni par un prêtre du quartier du Moqattam, où se sont déroulées les violences. Le Père Semaane Ibrahim a indiqué que les corps se trouvaient dans le petit hôpital qui dépend de sa paroisse. "Tous ont été tués par balle, et les blessés ont aussi été touchés par des tirs", a-t-il déclaré. Selon lui, des cocktails Molotov ont été lancés contre des habitations, et les attaquants ont incendié des entrepôts et des ateliers de recyclage. Un autre prêtre, Boutros Rouchdi, a assuré avoir compté sept morts coptes, et un musulman tué alors qu'il tentait de défendre ses voisins chrétiens.
Les affrontements, à coups de pierres, ont éclaté après que des chrétiens, nombreux dans ce quartier déshérité peuplé d'éboueurs et de chiffonniers de l'est du Caire, sont sortis manifester pour protester contre l'incendie d'une église, samedi, au sud de la capitale. Selon le Père Ibrahim, ils ont été attaqués par "des voyous et des salafistes" armés, qui ont également mis le feu à des maisons et des ateliers. Des témoins ont indiqué que les militaires, présents sur les lieux, avaient tiré en l'air pour disperser la foule. "Nous nous attendions à ce que l'armée nous défende. Mais maintenant nous savons qu'elle est contre nous, comme la police", affirme un menuisier du quartier, Saleh Ibrahim.
TENSIONS DEPUIS LA CHUTE DE MOUBARAK
Des milliers de coptes ont également manifesté ces derniers jours devant le bâtiment de la radio-télévision, dans le centre du Caire, pour protester contre les violences au cours desquelles l'église Al-Chahidaine dans le gouvernorat de Helwan au sud du Caire, a été en grande partie détruite par un incendie. Les autorités ont promis de faire reconstruire l'édifice pour tenter de faire baisser la tension.
Les Frères musulmans, le plus important mouvement d'opposition, ont accusé les anciens partisans de Hosni Moubarak d'attiser la violence. Ils ont appelé les Egyptiens "à s'épauler pour soutenir les forces armées et le gouvernement afin qu'ils puissent tenir les engagements de la révolution".
Les coptes représentent de 6 à 10 % de la population du pays. Dans la nuit du Nouvel An, la communauté avait été visée par un attentat devant une église d'Alexandrie, qui a fait 23 morts. Ces tensions surviennent alors que le pays traverse une période délicate après la chute du président Hosni Moubarak le 11 février à la suite de manifestations contre son régime. L'armée assure depuis la direction du pays, tandis que le gouvernement gère les affaires courantes. Les militaires ont promis de remettre le pouvoir à un gouvernement civil démocratiquement élu dans quelques mois.
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