Les violentes expulsions foncières connaissent une hausse préoccupante en Chine, s'inquiète Amnesty International, qui dénonce dans un rapport rendu public jeudi la collusion généralisée des autorités avec des promoteurs sans scrupules.
Ces deux dernières années, selon l'ONG, un nombre croissant de Chinois ont été forcés d'abandonner leurs terres ou leur domicile, aussi bien dans les zones rurales qu'urbaines, étant parfois frappés, emprisonnés voire tués lorsqu'ils ont essayé de s'y opposer.
Des victimes de ces expulsions, poussées à bout, ont même tenté de s'immoler par le feu, a indiqué l'ONG, qui a étudié en détail 40 expulsions foncières, parmi lesquelles neuf ont débouché sur des décès de personnes.
"Les collectivités locales ont emprunté de fortes sommes auprès des banques d'Etat pour financer des projets de relance et elles paient les traites grâce aux ventes de terres", dénonce l'organisation de défense des droits de l'homme.
"Le Parti communiste au pouvoir en Chine continue de promouvoir les responsables locaux qui génèrent de la croissance économique, sans se pencher sur la façon d'y arriver", poursuit l'ONG.
"La conversion des terres, quel qu'en soit le coût - pour construire des routes, des usines ou des complexes résidentiels - est considérée comme le moyen le plus direct pour parvenir à des résultats concrets".
Amnesty International demande en conséquence aux autorités chinoises de "cesser immédiatement toutes les expulsions forcées" ainsi que leur politique d'encouragement (par des primes, des avantages fiscaux et des avancements de carrière) aux responsables locaux qui pratiquent ces expulsions.
Interrogé sur ce rapport, un porte-parole de la diplomatie chinoise a affirmé jeudi que l'enquête d'Amnesty International était tendancieuse.
"L'organisation que vous mentionnez a toujours été remplie de préjugés envers la Chine et son rapport n'a aucune crédibilité", a déclaré Hong Lei dans un point presse.
Les saisies de terres sont la principale raison des révoltes contre les autorités en Chine, pays où les zones urbanisées s'étendent rapidement.
Les affrontements entre les villageois spoliés et les représentants des autorités locales ou des hommes de main engagés par les promoteurs prennent souvent une tournure extrêmement violente. Les compensations financières offertes, lorsqu'il y en a, sont en général considérées comme insuffisantes par les familles expropriées.
Le mois dernier, un Chinois qui venait de tenter de s'immoler par le feu pour s'opposer à la saisie de ses terres et à la destruction de sa maison dans la province du Liaoning (nord-est), a été abattu par balle par un policier. Ce fait divers a rencontré un écho important sur l'internet.
Wang Shujie, 36 ans, a accompli son geste désespéré juste après avoir vu son père blessé par balle par l'un des policiers déployés pour assurer la saisie du terrain.
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