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En Chine, la répression de la dissidence la plus dure depuis des années
   

AFP, le 31 mars 2011

Inquiet des insurrections dans les pays arabes et de la caisse de résonance qu'offre l'internet, Pékin a lancé la répression la plus dure de ces dernières années contre les dissidents, anéantissant les timides avancées en faveur des libertés, selon les groupes de défense des droits de l'Homme.

Au moins 26 militants ont été placés en détention depuis le début des mouvements de révolte en Afrique du nord et au Proche-Orient, qui ont fait naître en Chine des appels sur l'internet à des rassemblements, ont indiqué plusieurs organisations.

Plus de 30 autres ont été assignés à résidence ou placés en garde à vue, sans avoir été inculpés, notamment des avocats et des blogueurs connus, jusqu'alors tolérés, selon Défenseurs des droits de l'Homme en Chine (CHRD - Hong Kong).

"La situation des défenseurs des droits de l'Homme et des critiques du gouvernement est sombre, et une grande partie des avancées réalisées par une génération de militants courageux a été anéantie en très peu de temps", déclare Nicholas Bequelin, de Human Rights Watch (HRW).

La répression marque une intensification de la politique de la "main de fer" adoptée depuis les jeux Olympiques de Pékin en 2008, ajoute-t-il. La Chine avait obtenu les JO en promettant une amélioration de la situation.

Le tour de vis constaté déja amorcé depuis que l'intellectuel Liu Xiaobo a obtenu le prix Nobel de la Paix en octobre, a réduit au silence quasiment tous les opposants vivant en Chine.

Cette semaine, la police du sud-ouest du pays a inculpé Ran Yunfei, Ding Mao et Chen Wei, des vétérans, pour "subversion", selon les groupes de défense. Un motif souvent utilisé pour baillonner les critiques du gouvernement -Liu avait été condamné sous ce chef d'inculpation en décembre 2009.

"Personne ne sait quand cela va finir et tous ignorent quel sera le prochain", déclare Wang Songlian, de CHRD. "C'est la répression la plus dure de ces 15 dernières années. Chaque jour, quelqu'un disparaît, est amené, détenu ou inculpé".

Parmi ceux détenus sans inculpation depuis mi-février figurent Teng Biao, Jiang Tianyong et Tang Jitian, des avocats qui s'appuyaient sur la loi chinoise pour lutter contre les abus de pouvoir.

Interrogée jeudi sur cette vague de répression, Jiang Yu, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a assuré que la Chine respectait la liberté d'expression, tout en ajoutant que ses citoyens ne devaient "pas nuire à l'intérêt public".

Les autorités ont réagi sans ménagement lorsque sont apparus sur la Toile des messages encourageant les Chinois à des rassemblements le dimanche, pour protester contre l'inflation, la corruption et le fossé entre les riches et les pauvres. Un cocktail de revendications semblable aux manifestations du Proche-Orient.

La présence policière était massive sur les lieux de rassemblement prévus, empêchant toute manifestation.

"Les autorités n'ont pas seulement placé en détention des vétérans de la dissidence, elles tentent aussi de réduire au silence toute une nouvelle génération de militants sur l'internet", note Catherine Baber, d'Amnesty International pour l'Asie-Pacifique.

Signe de la dureté de la répression, le dissident Liu Xianbin, 43 ans, a été condamné la semaine dernière à 10 ans de prison pour avoir mis en ligne des textes pro-démocratie.

"Le but de cette vague d'arrestations est de dompter l'internet en éliminant les critiques les plus connus et en incitant à l'autocensure les internautes", estime M. Bequelin.

"Les autorités réduisent au silence, l'une après l'autre, les principales voix critiques qui ont accumulé une large audience sur l'internet au fil des ans".

Cette semaine, un groupe de travail de l'ONU a demandé la libération de l'avocat Gao Zhisheng détenu au secret depuis plus de deux ans. Son épouse Geng He a indiqué à l'AFP n'avoir aucune nouvelle de lui.



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