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Burkina Faso : une mutinerie de policiers s'étend à plusieurs villes
Libération, le 28 avril 2011 Une mutinerie de policiers qui a éclaté mercredi soir à Ouagadougou, s’est étendue jeudi à plusieurs villes du Burkina Faso dont Bobo-Dioulasso (ouest), après des mutineries dans l’armée les semaines précédentes, a appris l’AFP auprès de témoins et des services de sécurité.
Des tirs en l’air avaient repris jeudi matin au camp des CRS (Compagnies républicaines de sécurité, police) de Ouagadougou et se sont étendus au commissariat central de la capitale, a constaté un journaliste de l’AFP. Les policiers qui tiraient depuis l’intérieur du commissariat dans le centre-ville, avaient également érigé des barricades tout autour, selon le journaliste. Des tirs de policiers ont également été entendus mercredi soir et jeudi matin à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, ont rapporté des témoins interrogés par téléphone. Des tirs continuaient également jeudi matin à Fada N’Gourma (est), après ceux survenus dans cette ville mercredi soir. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des policiers ont aussi tiré dans les villes de Dédougou (ouest) et Manga (sud) et à Pô (sud). C’est la première fois que des policiers se mutinent au Burkina Faso. Des mutineries de militaires dont ceux de la propre garde du président Blaise Compaoré, ont eu lieu ces dernières semaines à Ouagadougou et dans plusieurs autres villes. Les policiers, tout comme les soldats dont les revendications ont été satisfaites, réclament de meilleures conditions financières, selon des sources des services de sécurité. La mutinerie de policiers a lieu après une nouvelle manifestation violente de commerçants et de jeunes mercredi à Koudougou, ville du centre du Burkina Faso d’où était partie le 22 février la vague de contestation populaire qui secoue le pays, après la mort d’un jeune dans une manifestation. Les manifestations de colère contre la vie chère et le régime de Blaise Compaoré au pouvoir depuis 1987, proviennent de la quasi-totalité des couches de la population: militaires, jeunes, élèves et étudiants, magistrats, commerçants, personnels de santé, producteurs de coton et maintenant policiers. Bilan de ces manifestations, au moins six morts (dont quatre étudiants), des blessés, d’innombrables pillages commis par les soldats mutins et des dégâts matériels considérables. Pour tenter de contrer le mécontentement populaire grandissant, M. Compaoré, militaire arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, a limogé les principaux chefs de l’armée et nommé il y a une semaine un nouveau Premier ministre, Luc Adolphe Tiao. Ce dernier a formé un gouvernement composé de proches et de fidèles du président qui s’est attribué le ministère de la Défense. |
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