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Le bilan de la mutinerie au Bangladesh s'alourdit à 75 morts

 
 
 
Bangladesh : les paramilitaires mutins ont déposé les armes

AFP, le 26 février 2009

Les milliers de paramilitaires qui s'étaient mutinés à Dacca (Bangladesh) ont tous déposé les armes jeudi, au deuxième jour de leur révolte, et libéré tous les otages qu'ils détenaient, a annoncé le gouvernement bangladais.

Cette mutinerie déclenchée mercredi au quartier-général des Bangladesh Rifles (BDR), une unité des forces de sécurité chargée de la protection des frontières, a fait onze morts, selon les chiffres officiels.

Le soulèvement pourrait cependant avoir été beaucoup plus sanglant : "Les troupes du BDR nous ont affirmé que 50 officiers avaient été tués", a indiqué le vice-ministre de la Justice Kamrul Islam. Il n'a pu confirmer ce chiffre, faute d'avoir vu les corps.

"Toutes les troupes ont déposé les armes et regagné leurs casernes", a indiqué jeudi à l'AFP Abul Kalam Azad, porte-parole du Premier ministre Sheikh Hasina. Il a précisé que tous les otages, dont 30 officiers, avaient été libérés.

Dans cet état musulman laïc d' Asie du Sud secoué depuis deux ans par une crise politique, ces paramilitaires s'étaient révoltés pour obtenir une hausse de leur solde, des subventions pour leurs repas et davantage de congés.

Ils ont offert leur reddition après un discours à la nation de Sheikh Hasina.

"Déposez les armes et rentrez dans vos casernes sur le champ ou je prendrai toutes les mesures nécessaires dans l'intérêt national", avait menacé Mme Hasina les chaînes nationales de télévision.

"Ne choisissez pas une voie suicidaire. Ne me forcez pas à user de la force. Nous connaissons vos problèmes. S'il vous plaît, aidez-nous", avait-elle ajouté en adjurant les rebelles de ne pas "tirer sur leurs propres frères".

Des tanks ont été déployés jeudi après-midi à proximité du QG des BDR par mesure de dissuasion.

Alors qu'une reddition des BDR semblait en vue mercredi et que les mutins avaient commencé à déposer les armes en échange d'une amnistie, de nouveaux tirs ont éclaté jeudi poussant des milliers de personnes à chercher un abri, selon un journaliste de l'AFP.

"Les membres des BDR ont commencé à déposer les armes en notre présence. Mais ils sont 15.000 -- et environ 12.000 d'entre eux pourraient être armés", a déclaré un des chefs de la police Kamrul Ahsan.

Le processus de reddition semble avoir été interrompu jeudi et des responsables policiers ont affirmé que la révolte s'était étendue en dehors de la capitale, dans 15 districts frontaliers des BDR.

Kamrul Ahsan, chef de la police dans la ville de Satkania (sud), a indiqué qu'il y avait eu des combats dans un centre d'entraînement des BDR.

En poste depuis moins de deux mois, Sheikh Hasina avait remporté une écrasante victoire, fin décembre, aux élections législatives censées rétablir la démocratie après deux années d'un état d'urgence imposé par un régime de transition soutenu par l'armée.

Peuplé de 144 millions d'habitants, l'ex-Pakistan oriental, devenu indépendant en 1971, a été le théâtre de nombreux coups d'Etat et de violences politiques qui ont alterné avec des plages démocratiques.



Le bilan de la mutinerie au Bangladesh s'alourdit à 75 morts

AP, le 28 février 2009

Les recherches ont repris samedi dans le complexe des gardes-frontières du Bangladesh, où des dizaines d'officiers supérieurs ont été tués au cours de deux jours de mutinerie : le dernier bilan était de 75 morts, et les pompiers s'attendaient à ce qu'il s'alourdisse encore.

"Nous pensons qu'il y a encore d'autres cadavres", a expliqué un des pompiers. Des fosses communes creusées à la hâte et des cadavres dans des égoûts continuaient en effet d'être découverts. Parmi les morts figure notamment le commandant du corps des Bangladesh Rifles, le général Shakil Ahmed, alors que des dizaines d'autres officiers supérieurs sont toujours portés disparus.

Vendredi, la toute nouvelle cheffe du gouvernement Cheikha Hasina a exclu toute amnistie pour les mutins responsables de ces victimes. Elle avait obtenu en deux jours la reddition des mutins.

Les Bangladesh Rifles étaient furieux depuis longtemps que leurs salaires n'atteignent pas ceux de leurs collègues de l'armée, une colère aggravée par l'augmentation actuelle des prix alimentaires. Ils étaient également mécontents de voir nommés comme chefs des gardes-frontières des officiers de l'armée.

Mais le massacre suscite des interrogations sur les fragiles relations entre les responsables politiques et militaires du pays. Le Bangladesh n'a retrouvé un pouvoir civil qu'en janvier, deux ans après l'intervention de l'armée qui avait chassé le gouvernement précédent.

Cheikha Hasina a elle-même une histoire difficile avec l'armée : elle est la fille du premier dirigeant du Bangladesh indépendant, Cheikh Mujibur Rahman, qui présida le pays de 1971 à 1975, renversé par un putsch militaire qui lui coûta la vie ainsi qu'à sa femme et à trois de ses fils. AP

   

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