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Les forces étrangères en Afghanistan critiquées par des ONG

Reuters, le 3 avril 2009

Les forces militaires internationales présentes en Afghanistan doivent mieux protéger les civils et clarifier leur action sur plusieurs plans, sous peine de saper leur mission de stabilisation du pays, estiment 11 organisations humanitaires dans un rapport conjoint.

Le projet de déploiement de 21.000 soldats américains supplémentaires cette année face à la hausse de l'insurrection talibane risque de punir encore un peu plus les Afghan ordinaires parce que la violence devrait s'étendre à de nouvelles régions, écrivent les auteurs du rapport intitulé : "Pris dans le conflit".

"Il y a un risque qu'une intensification des opérations ne se traduise non seulement pas une augmentation des décès de civils, mais aussi par un accroissement des déplacements et une réduction de l'accès aux services essentiels", a déclaré Matt Waldman, responsable de la politique pour l'organisation Oxfam en Afghanistan, lors d'une conférence de presse.

La hausse d'un tiers des décès de civils causés par les forces pro-gouvernementales l'an dernier a engendré "un ressentiment largement répandu" et obéré le soutien à une présence internationale, indique le rapport.

Mais les problèmes vont au-delà de la question des victimes.

Les militaires ne prennent pas forcément la responsabilité de leurs erreurs, indique le rapport. Autre sujet d'inquiétude: la détention de certains détenus sans inculpation ou procès pendant des périodes trop longues.

On compte même des enfants dans les 600 prisonniers détenus sur la base américaine de Bagram, a déclaré Palwasha Aabed, un des responsables de l'organisation britannique de Save the Children UK, qui a aussi contribué au rapport.

Enfin, les systèmes d'indemnisation varient entre les différents pays de la coalition, ce qui fait que les civils pris dans les combats ont souvent le sentiment de ne pouvoir accéder à la justice.

"A leurs yeux, les auteurs des abus peuvent opérer en toute impunité", indique le rapport.

Par ailleurs, la frontière entre soldats et travailleurs humanitaires est rendue floue par les militaires, ce qui rend les ONG vulnérables et contrecarre leurs efforts d'aide aux plus nécessiteux.

Ainsi, certains soldats conduisent des véhicules banalisés utilisés en principe par les organisations humanitaires.

Plus subtilement, l'aide financière et humanitaire est attribuée à des projets qui vont dans le sens des buts des militaires, plutôt que d'être répartie uniquement en fonction des zones et des personnes les plus nécessiteuses.