RTWArchives
 

Plan du site
Sommaire
Archives
L'Isaf peut-être complice de torture, dit Amnesty International

Reuters le 13 novembre 2007

LONDRES - Les forces de l'Otan en Afghanistan violent peut-être leurs propres règlements en confiant des prisonniers aux services de sécurité afghans malgré les soupçons de tortures sur des détenus dont ils font l'objet, affirme Amnesty International.

Selon Amnesty, les informations faisant état de tortures et de mauvais traitements commis par les forces de sécurité afghanes sont si persistantes que les membres de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) dirigée par l'Otan se rendent de facto complices de ces mauvais traitements en leur remettant des prisonniers.

Ces allégations de tortures concernent particulièrement la Direction nationale de la sécurité (DNS), souligne l'ONG de défense des droits de l'homme dans un rapport intitulé "Afghanistan. Des transferts vers la torture: avec la complicité de l'Isaf ?".

"Les pays qui participent à l'Isaf sont tenus au regard du droit international de ne pas transférer des détenus aux autorités afghanes lorsqu'ils risquent d'être torturés ou maltraités", souligne Claudio Cordone, directeur général de la recherche d'Amnesty International.

"Ces transferts devraient être suspendus jusqu'à ce que des garanties efficaces soient mises en place."

Dans ce rapport de 40 pages, Amnesty affirme que les soldats belges, britanniques, canadiens, néerlandais et norvégiens de l'Isaf sont particulièrement concernés.

L'ONG exclut spécifiquement le système de détention mis en place par les Etats-Unis dans le cadre d'"Operation Enduring Freedom".

SURVEILLANCE

Elle ajoute que cinq Etats membres de l'Isaf ont signé des protocoles d'accord avec le gouvernement afghan sur les transferts et le suivi des prisonniers, et que quatre autres pays ont exprimé le désir de le faire.

Quatre des 14 autres Etats de l'Isaf comptant plus de 100 soldats en Afghanistan ont dit à Amnesty qu'ils n'avaient pas de protocole d'accord et les dix derniers ont soit refusé de s'exprimer à ce sujet soit affirmé qu'ils ne pouvaient pas vérifier l'existence d'un protocole d'accord, précise l'ONG.

Le rapport mentionne en détail des accusations de tortures, par les forces afghanes, sur plusieurs détenus remis par les forces canadiennes au DNS.

"Les pays membres de l'Isaf ne peuvent se dégager de leur obligation de protéger les individus contre ces traitements en s'en remettant à des accords bilatéraux", estime Cordone.

"Ces instruments, qui sont censés garantir que les détenus seront traités conformément aux normes internationales, se sont révélés insuffisants."

Amnesty appelle l'Isaf à "suspendre tous les transferts de prisonniers aux autorités afghanes" et à "se charger de les détenir jusqu'à ce que des garanties efficaces soient introduites".

"Les pays qui fournissent des troupes à la FIAS doivent oeuvrer pour la réforme du système pénitentiaire afghan et étudier la possibilité d'envoyer des observateurs internationaux dans les centres de détention afghans afin qu'ils forment et surveillent les nouveaux agents de l'administration pénitentiaire", préconise encore Amnesty International.

Haut