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  Zimbabwe : Robert Mugabe partage un peu de pouvoir mais la répression continue

AFP, le 14 février 2009

Pour la première fois en 29 ans, le président zimbabwéen Robert Mugabe a cédé cette semaine un peu de pouvoir en intronisant son rival historique comme Premier ministre, mais leur gouvernement d'union a immédiatement été entaché par la poursuite de la répression.

Mercredi, l'ancien opposant Morgan Tsvangirai a prêté serment comme chef de gouvernement et promis de "guérir la Nation". "Nous ne pouvons plus laisser des frères combattre leurs frères", a-t-il lancé dans son discours d'investiture.

Sur la même note, Robert Mugabe, qui aura 85 ans le 21 février et dirige le pays d'une main de fer depuis l'indépendance en 1980, a tendu "la main de l'amitié et de la coopération" à son adversaire, qui lui avait infligé un sérieux revers lors des élections générales de mars 2008.

Mais cette bonne volonté affichée a fait long feu. Dès vendredi, la cérémonie d'investiture de leur gouvernement d'union a été ternie par l'arrestation d'un proche de Morgan Tsvangirai, qui aurait dû devenir le vice-ministre de l'Agriculture.

L'ancien fermier blanc Roy Bennett, dont la plantation avait été saisie dans le cadre d'une réforme agraire controversée, a été arrêté et accusé de trahison sur la base d'une affaire remontant à 2006.

Il avait alors été accusé d'avoir orchestré un complot contre le président Mugabe, un chef d'inculpation souvent brandi par le régime pour écarter ses détracteurs.

Le MDC (Mouvement pour le Changement) de M. Tsvangirai a accusé samedi la police de le priver de nourriture en détention.

L'annonce de son arrestation a provoqué vendredi la fureur de sympathisants près d'un commissariat à Mutare (est), localité située à 400 km de Harare, où l'ex-député a été conduit après son arrestation.

L'arrestation de Roy Bennett n'a pas empêché la prestation de serment de se dérouler, mais a jeté une ombre sur la viabilité de la nouvelle équipe. Un sentiment renforcé par le fait que Robert Mugabe ait choisi de nommer des piliers de son ancien régime à la tête de l'appareil de sécurité.

Considéré comme le potentiel successeur du président, Emmerson Mnangagwa a ainsi hérité du ministère de la Défense. Un poste qui ne lui est pas étranger, puisqu'il dirigeait les services de sécurité au moment du massacre de près de 20.000 opposants présumés dans la province du Matabeleland dans les années 1980.

Seule petite concession au camp de Morgan Tsvangirai : le ministère de l'Intérieur, qui contrôle la police, sera partagé entre deux co-ministres, issus de chaque parti.

Autre ombre au tableau : une trentaine de militants du MDC du nouveau Premier ministre restent en détention, inculpés de terrorisme ou de complot. Le président Mugabe a toutefois martelé vendredi qu'il restait déterminé à travailler avec le MDC. "Quand je dis que je veux travailler avec vous sincèrement et honnêtement, je le pense", a-t-il lancé.

Et comme pour répondre aux analystes qui accusent les faucons du régime d'avoir fait arrêté Roy Bennett pour faire capoter le gouvernement d'union, il a ajouté: "je veux croire que quand mes collègues disent la même chose que moi, eux aussi sont sincères."

Le chef de l'Etat risque d'avoir du mal à convaincre la communauté internationale, dont l'aide sera pourtant décisive pour redresser un pays exsangue. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a déjà indiqué craindre que "Mugabe ne se mette en travers des changements".

L'enjeu est pourtant de taille au Zimbabwe. L'hyperinflation se chiffre en milliards de pour cent. Le chômage concerne 94% des adultes. Et une épidémie de choléra, qui se propage sur les ruines des systèmes d'eau et d'assainissement, a fait plus de 3.500 morts depuis août.

 

 

   
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