Une commune publie les plaques d'immatriculation de gens du voyage
AFP, le 17 février 2011
La commune de Moigny-sur-Ecole (Essonne) a publié dans son bulletin municipal de janvier, dont l'AFP a obtenu copie jeudi, les photographies de 40 plaques d'immatriculation des gens du voyage qui y ont occupé un terrain de sport en 2010.
"Cela ne regarde personne. Je n'ai aucun commentaire à faire. On a autre chose à faire", a déclaré par téléphone à l'AFP l'adjoint à la voirie de la commune, Yannick Foucher, interrogé sur le contenu de ce bulletin et qui a indiqué que le maire UMP, Pascal Simonnot, était injoignable.
Dans un billet d'humeur anonyme, l'auteur explique pour justifier la publication des photographies: "Sans racisme primaire, nous avons adopté la politique du 'surveillant - surveillé' ".
Il dénonce "un envahissement sans précédent de 70 caravanes" en juillet dans cette commune d'environ 1.300 habitants, et évoque également un "nomadisme fiscal": "Au risque de diffamer, ces 'déplacements' leur permettent d'éviter de payer un certain nombre d'impôts et de s'adresser à plusieurs caisses d'allocations familiales."
Appelant à "agir vite", l'auteur déplore une justice "beaucoup trop souvent du mauvais côté" et propose "un moratoire où les gens du voyage seraient centralisés administrativement aux Saintes-Maries-de-la-Mer, puisque officiellement, c'est leur point de convergence".
La Ligue des droits de l'homme a décidé de porter plainte contre le maire, directeur de publication du bulletin municipal.
Bernard Hasselin, président de Moigny Avec Vous et opposant au maire, a dénoncé "des idées proches du Front National" alors que, selon lui, "les gens du voyage n'ont pas causé de dégâts".
Une conseillère municipale, Betty Laborrier, a démissionné de son poste : "Je ne me sens pas solidaire de ce genre de discours. Je l'ai découvert en ouvrant ma boîte aux lettres. C'est un texte rempli de haine, de racisme, et qui est diffamatoire", a-t-elle déclaré à l'AFP.