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Manifestations anti-Poutine les 14 et 15 avril 2007 :

Manifestation à Moscou
G. Kasparov arrêté
St Pétersbourg : arrestations
Le front anti-Poutine se structure


 
  Deux cents personnes interpellées lors d'une manifestation anti Poutine à Moscou

EuroNews, le 14 avril 2007

Parmi elles, l'ancien champion du monde d'échecs Gary Kasparov

Kasparov, leader de L'autre Russie un mouvement d'opposition au président Vladimir Poutine tentait de rejoindre la manifestation interdite par le pouvoir lorsqu'il a été arrêté. "Ce régime est criminel, c'est un état policier. Ils arrêtent des gens partout parce qu'ils sont morts de peur" a-t-il déclaré avant d'être emmené. Selon son avocate, Kasparov a été interrogé plusieurs heures dans un commissariat près de la place Pouchkine dans le centre de la capitale russe avant d'être finalement relaché. Le pouvoir avait mis les moyens pour contrer la manifestation, 10 000 policiers dont des forces anti émeutes avait été mobilisés. Les manifestants qui criaient "la russie sans Poutine", ou "Fascistes", ont été dispersés avec violence. L'ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov, aujourd'hui dans l'opposition, était là lui aussi. Il s'est exprimé devant environ 500 personnes, des irréductibles chassés de la place Pouchkine qui sont tout de même parvenus à se regrouper un peu plus loin du centre ville pour manifester dans le calme, mais toujours sous haute surveillance policière.


Garry Kasparov arrêté lors d'une manifestation de l'opposition à Moscou

AP, samedi 14 avril 2007

La "Marche des dissidents" organisée samedi à Moscou pour protester contre la politique du président Poutine a donné lieu à des accrochages entre manifestants et policiers russes et s'est soldée par l'arrestation de quelque 170 personnes, dont l'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov. Une autre manifestation, elle aussi interdite, est prévue dimanche à Saint-Pétersbourg.

Les autorités moscovites avaient rejeté la demande de manifestation place Pouchkine, proposant la place Tourguéniev, à deux kilomètres à l'est plus loin du centre commercial et culturel de la ville. A quelques mois des élections législatives de décembre et du scrutin présidentiel du printemps 2008, ces Marches témoignent du mécontentement croissant d'une partie de la population.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, le gouvernement a mis au pas le Parlement, supprimé les élections directes pour les gouvernements régionaux et restreint la liberté de manœuvre des groupes civiques ainsi que l'accès des détracteurs du régime aux grandes chaînes de télévision. Avec les élections, la plupart des personnalités de l'opposition encore présentes au Parlement devraient disparaître

Samedi, d'après des témoins, Garry Kasparov a été interpellé alors qu'il tentait de franchir, à la tête d'un petit groupe, le cordon de policiers cernant la place Pouchkine, au centre de la capitale, où les manifestants s'étaient donné rendez-vous. Les forces de l'ordre ont ensuite donné la charge avec force coups de matraque et de poings aux quelque 200 personnes qui protestaient contre la détention du maître de l'échiquier, devenu l'un des meneurs de l'opposition.

Ce dernier a comparu au tribunal dans la soirée. Pendant une interruption de séance, il a déclaré aux journalistes que pour lui la Russie s'enfonçait dans l'autoritarisme. "Cette journée est une importante démonstration de la dégénération du régime de (Vladimir) Poutine", a-t-il lancé.
Garry Kasparov et ses alliés ont reconnu n'avoir mobilisé que deux milliers de sympathisants alors que certains restaurants de la place Pouchkine servent en moyenne 30.000 personnes par jour, mais ni cette faible participation, ni la forte présence policière n'entamaient leur détermination. "Ce pays n'est plus libre et le principal criminel au jour d'aujourd'hui en Russie, ce sont les autorités", a estimé Andreï Illarionov, ancien conseiller économique du président Poutine.

Le rassemblement est probablement passé inaperçu d'une bonne partie de la population et n'a été que très brièvement évoqué par les grandes chaînes de télévision. NTV a toutefois montré le car de la police emmenant Garry Kasparov.

Une centaine des autres personnes arrêtées place Pouchkine appartiennent au Parti bolchévique ultranationaliste, selon son porte-parole Alexandre Averi, qui précisait que le chef de la formation, l'écrivain provocateur Edouard Limonov, y avait échappé.

Une femme de 23 ans qui n'a fourni que son prénom, Maria, a déclaré que son époux Andreï avait été interpellé alors qu'ils sortaient du métro. "Nous n'avons rien fait, nous voulions juste voir ce qui se passerait!"

Vers midi, plusieurs centaines de manifestants se sont éloignés de la place en criant "Dehors Poutine!" ou "Il nous faut une nouvelle Russie!", mais la police les a empêchés de gagner une grande route et a chargé. La foule s'est finalement dispersée dans les rues voisines, mais beaucoup des participants ont rejoint le millier de personnes rassemblées sur la place Tourguéniev, cernée par la police et l'armée.

Là, Mikhaïl Kassianov, ancien Premier ministre de Vladimir Poutine, a dénoncé les arrestations et coups distribués. Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, qui observait la manifestation, a affirmé qu'il n'y avait aucune volonté de répression. "Nous vivons dans un pays démocratique, un pays libre, et nous donnons la possibilité à chacun d'exprimer son accord ou son désaccord", a-t-il déclaré à la première chaîne de télévision.

Parallèlement à la manifestation de l'opposition, un mouvement de jeunes pro-Kremlin a organisé son propre rassemblement samedi à Moscou.

Trois "Marches des dissidents" ont été dispersés manu militari ou sévèrement encadrées à Moscou, Saint-Pétersbourg et Nijni Novgorod ces derniers mois.

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Russie: interpellations et brutalités policières à Saint-Pétersbourg

AFP, le 15 avril 2007


La police a brutalement dispersé un rassemblement de l'opposition et interpellé 120 personnes, dont le dirigeant d'extrême gauche Edouard Limonov, dimanche à Saint-Pétersbourg, selon un scénario semblable à celui de la veille à Moscou.

Au moment où quelque 2.000 manifestants venus à l'appel du mouvement L'Autre Russie rejoignaient le métro, à la fin du rassemblement, des accrochages ont opposé certains d'entre eux aux policiers déployés en aussi grand nombre, qui les ont frappés à coups de matraque, a constaté un correspondant de l'AFP.

La police a fait état d'environ 120 interpellations, dont celle de l'écrivain Edouard Limonov, chef du parti national-bolchevique. Ce dernier, interpellé dans un appartement après la manifestation, a été remis en liberté en fin de soirée et convoqué pour une audience au tribunal le 26 avril.

"On lui reproche d'avoir violé deux articles (de la loi sur les manifestations) dont l'un peut lui valoir jusqu'à 15 jours de prison", a déclaré son porte-parole Alexandre Avérine à l'AFP.

Samedi, l'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov, un des dirigeants de L'Autre Russie avec Edouard Limonov, avait été interpellé à Moscou puis relâché dans la soirée.

Les forces anti-émeutes, les "Omon", ont dispersé la foule sans ménagement. Un homme qui tentait d'échapper aux policiers en escaladant un grillage, est retombé au sol où il a été frappé à coups de pied par l'un d'entre eux.

"Quelle honte !", criait la foule tandis qu'un homme d'une soixantaine d'années était traîné par des policiers et qu'une femme émergeait de la mêlée le visage en sang. Trois jeunes portant des drapeaux du parti d'Edouard Limonov ont aussi été battus.

"A la fin du meeting, on a invité les gens à partir calmement vers le métro mais les Omon se sont jetés sur eux et ont commencé à les frapper (...) Le pouvoir ne comprend que le langage de la force", a déclaré un des organisateurs, Maxime Reznik, membre du parti libéral Iabloko à la radio Echo de Moscou.

Selon un responsable de la police locale, cité par l'agence Interfax, des manifestants ont voulu organiser une marche, interdite, à l'issue du rassemblement. "Un groupe de 150 personnes a tenté de forcer les cordons de police", a-t-il affirmé.

Le rassemblement lui-même s'est déroulé dans le calme.

"Non à l'arbitraire du Kremlin !", "Poutine est le criminel le plus dangereux", pouvait-on lire sur les pancartes.

"Le pouvoir a déclaré la guerre au peuple (...) L'opposition est déterminée à poursuivre la lutte tant qu'il ne nous rendra pas nos libertés (..) A bas l'autocratie!", a déclaré Edouard Limonov devant les manifestants.

Samedi, plusieurs centaines de personnes, dont Garry Kasparov, avaient été interpellés au cours d'un rassemblement interdit par les autorités dans la capitale russe.

Garry Kasparov a été condamné à verser une amende d'environ 30 euros et n'a été relâché que tard dans la soirée de samedi, ce qui l'a empêché de se rendre le lendemain à la manifestation de Saint-Pétersbourg, selon son entourage.

"Ces deux derniers jours ont montré que le régime de Poutine n'accorde plus d'attention à la légalité et s'en remet à la force brutale", a déclaré l'ancien champion d'échecs, devenu une des figures de l'opposition, sur la chaîne de télévision américaine CNN.

Ces manifestations ont lieu dans un contexte politique de plus en plus tendu à huit mois des législatives (décembre 2007) et à un an de la présidentielle (mars 2008) au cours de laquelle le successeur de M. Poutine doit être élu.

L'Autre Russie fédère une opposition hétéroclite, des libéraux à l'ultra-gauche nationaliste, qui dénonce la "verticale du pouvoir" instaurée par le président Poutine et réclame des élections libres.

 

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De Kasparov à Limonov, le front anti-Poutine se structure

Tageblatt, le 16 avril 2007

Du champion d'échecs Garry Kasparov à l'écrivain radical Edouard Limonov, interpellés ce week-end, le mouvement L'Autre Russie fédère une opposition hétéroclite, qui gagne en audience mais reste marginale face à la toute puissance du "système Poutine".

Garry Kasparov, à l'origine de sa création, a quitté le monde des échecs en 2005 pour s'engager dans un défi tout aussi complexe, l'opposition frontale au président Vladimir Poutine, déclaré ennemi politique numéro un. "Je crois qu'il est nécessaire d'arriver à la création d'une organisation nationale, d'un parti politique, pour défier la dictature de Poutine à tous les niveaux de notre vie", a-t-il alors expliqué. "Il a aboli la nature des institutions démocratiques. Il ira plus loin", ajoutait-il sur la BBC. A 44 ans, l'ancien champion, le sourcil épais et le regard ténébreux, défie le président russe avec la même passion que lorsqu'il toisait ses adversaires avant d'avancer ses pions sur l'échiquier. "Il a le goût de la victoire, de l'effort. Il veut toujours aller jusqu'au bout", observe le journaliste indépendant Sergueï Parkhomenko, présentateur d'une émission à la radio Echo de Moscou. "Ce qui est fort aussi chez lui, c'est le sentiment d'indépendance. Il a gagné son argent ailleurs, il n'a plus besoin de patronage. Il se suffit à lui-même", ajoute M. Parkhomenko. Déterminé à avancer dans son combat, Garry Kasparov n'a pas hésité à s'allier avec des personnalités à l'opposé de son parcours, tel l'écrivain Edouard Limonov, chef du parti national-bolchévique, et l'ancien Premier ministre de Vladimir Poutine, Mikhaïl Kassianov. A 64 ans, Edouard Limonov, lunettes épaisses et barbichette grisonnante, occupe depuis longtemps des positions ultranationalistes pro-slaves même si son mouvement a pris, selon ses membres, une orientation plus libérale. Ses militants disent s'identifier aux révolutionnaires bolchéviques et aux Décembristes, à l'origine d'une conspiration contre le tsar Nicolas Ier en 1825. Coutumiers d'actions d'éclat, ils ont réussi à occuper en décembre 2004 des locaux de l'administration présidentielle au Kremlin. Mikhaïl Kassianov, 49 ans, incarne un tout autre profil et une toute autre trajectoire. Spécialiste des Finances publiques, il a dirigé le gouvernemement de 2000 à 2004 avant d'être limogé et de rejoindre le camp des adversaires du président Poutine.

Elu à la tête d'un parti libéral d'opposition, l'Union démocratique populaire, il affiche des ambitions pour la présidentielle de 2008 mais poursuivi par la justice, qui l'accuse d'avoir acquis illégalement une datcha d'Etat, et impopulaire, il peine à décoller. Pour Garry Kasparov, cette alliance des contraires n'en a pas moins sa raison d'être. "Nous pouvons unir tous ces gens dans un large front contre le régime", explique-t-il, laissant entendre que la fin justifie en quelque sorte les moyens.

Et dans cet orchestre, il se voit plutôt comme un fédérateur. "Je joue un rôle de coordinateur et cela me suffit", dit-il. D'origine juive, il aurait de toute façon du mal à connaître une ascension politique, relève-t-on dans son entourage.

Depuis quelques semaines, L'Autre Russie multiplie les manifestations, qui mobilisent à chaque fois quelques milliers de sympathisants et retiennent l'attention dans le monde entier en raison de la brutalité des forces de l'ordre face aux manifestants. Pour autant, la partie n'est pas gagnée. "Le mouvement représente une couche minimale de la société, les intellectuels, la crème des libéraux. Kasparov a fait des efforts extraordinaires (pour retenir l'attention de la société civile, ndlr) à travers le pays, mais le résultat n'est pas énorme", relève M. Parkhomenko .
 
   
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