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Le nouveau pouvoir s'organise à Bichkek

Le Monde, le 8 avril 2010

Au lendemain des violentes émeutes qui ont renversé le pouvoir kirghize, les habitants de Bichkek déambulent, jeudi 8 avril, dans les ruines encore fumantes de la maison de leur président Kourmanbek Bakiev et dans les autres lieux de pouvoir du régime, le siège de la présidence et du gouvernement. Kourmanbek Bakiev, l'homme fort du Kirghizstan a fui la capitale après une journée d'affrontements sanglants et un gouvernement d'intérim est en train de prendre en main une situation encore floue.

Plus aucune trace, jeudi matin, des forces de l'ordre qui ont tiré sur la foule le jour précédent, faisant au moins soixante-huit morts. Les manifestants errent aux abords des bâtiments officiels en partie calcinés. Certains repartent avec des ordinateurs, des radiateurs ou quelques fournitures de bureau. La vie est loin d'avoir repris son cours normal et la plupart des magasins et restaurants restent fermés par peur des pilleurs.

Alors que les conséquences des événements de mercredi ne sont pas encore complètement claires, un nouveau pouvoir semble se mettre en place à Bichkek. Le premier ministre, Daniar Oussenov, a "remis une lettre de démission" , après des négociations avec l'un des chefs de l'opposition, Temir Sariev. Ce dernier à annoncé à la radio que l'opposition a formé son "propre gouvernement" , avec à sa tête Rosa Otounbaïeva, l'ex-ministre des affaires étrangères.

"Le pouvoir est désormais dans les mains du gouvernement du peuple" , a-t-elle déclaré à la radio, "des responsables ont été nommés et travaillent déjà à normaliser la situation." Lors de son allocution, elle a appelé les manifestants au calme : "Nous vous demandons de ne pas céder à la provocation, et de ne pas détruire ou piller les biens des citoyens ordinaires." Elle a annoncé la dissolution du Parlement et affirmé que le gouvernement provisoire assumerait temporairement les fonctions à la fois du Parlement et du président. "Cette construction du système politique va fonctionner durant six mois pour préparer une nouvelle Constitution et organiser la tenue d'une élection présidentielle conforme à toutes les règles démocratiques" , a-t-elle déclaré à la presse.

Selon elle, le président kirghize, Kourmanbek Bakiev, évincé du pouvoir par des manifestants mercredi, tente de rallier ses partisans dans le sud du pays et refuse de démissionner. "Mais l'opposition insiste pour qu'il remette sa démission" , a ajouté Mme Otounbaïeva. Jeudi, elle annoncé que son gouvernement autoproclamé contrôlait presque la totalité du pays. De plus, "la totalité de l'armée et les gardes-frontières sont maintenant sous notre contrôle. La force militaire ne sera plus utilisée pour régler des problèmes intérieurs" , a assuré Ichmail Issakov, ministre de la défense par intérim.

SOUTIEN RUSSE

La nouvelle dirigeante a également affirmé que la base militaire américaine présente au Kirghizstan, vitale pour les opérations militaires de l'OTAN en Afghanistan, restera ouverte. "Rien ne va changer" au regard de l'accord entre le Kirghizstan et les Etats-Unis sur la présence américaine et les opérations à la base de Manas, située dans la banlieue de Bichkek, la capitale de ce pays d'Asie centrale, a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse, jeudi 8 avril.

Selon un dirigeant de l'opposition, Rosa Otounbaïeva s'est entretenue de la situation kirghize avec le premier ministre russe, Vladimir Poutine, qui a offert une aide humanitaire au Kirghizstan et apporté son soutien au nouveau gouvernement. Mercredi, Vladimir Poutine avait affirmé que la Russie n'avait "aucun lien" avec le soulèvement dans le pays. "Cela est une affaire interne au Kirghizstan, mais la forme de la protestation montre que les gens ordinaires étaient scandalisés au plus haut point par le régime en place" , a déclaré Natalya Timakova, porte-parole du président russe, Dmitri Medvedev. "Le Kirghizstan a été et reste un partenaire stratégique de la Russie, et nous observerons donc la situation dans cette république avec une grande et particulière attention" , a-t-elle conclu.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters


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