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Kirghizstan : l'opposition envahit un bâtiment gouvernemental, le pouvoir menace

AFP, le 6 avril 2010

BICHKEK — Des manifestants de l'opposition au président du Kirghizstan, Kourmanbek Bakiev, ont envahi mardi le siège de l'administration régionale de Talas, dans le nord-ouest du pays, un mouvement que les autorités ont menacé de "réprimer sévèrement".

A Bichkek, la capitale du Kirghizstan, la police a par ailleurs interpellé plusieurs responsables de l'opposition, dont l'ex-président du Parlement, Omourbek Tekebaïev, et l'ex-candidat de l'opposition à la présidentielle, Almazbek Atambaiev, selon des sources de l'opposition.

"Environ 1.500 personnes se sont rassemblées devant l'administration régionale (de Talas), puis ont pris d'assaut le bâtiment, en forçant un cordon policier. La police n'a pas résisté", a annoncé l'antenne kirghize de RFE/RL, Radio Azattyk.

Un militant d'une organisation de défense des droits de l'Homme, Chamil Mourat, qui se trouvait à l'intérieur de l'immeuble de Talas, a indiqué à l'AFP que les manifestants avaient "désigné leur propre gouverneur", Koysun Kourmanaliiev.

"Des gens brûlent des portraits de Bakiev et crient 'Bakiev, démission !'", a raconté au téléphone à l'AFP un autre témoin, Talaïbek Joumaliev.

La police avait réussi à chasser les manifestants du siège de l'administration, mais ils sont revenus dans la soirée et auraient mis le feu au bâtiment, selon des témoins.

"La place centrale de Talas et le bâtiment de l'administration ont été évacués vers 20H00 heure locale (14H00 GMT)", a annoncé le ministre kirghiz de l'Intérieur, Moldomoussa Kongantiev. "Il y a des blessés" parmi les quelque 400 policiers qui ont participé à cette opération, "la foule ayant été armée de pierres, de bâtons et de cocktails Molotov", a-t-il ajouté.

Selon Radio Azattyk et des témoins interrogés par l'AFP, la police a eu recours à des gaz lacrymogènes et a tiré en l'air pour tenter de disperser les protestataires.

Les manifestants sont pourtant revenus vers 16HOO GMT et ont "de nouveau pris d'assaut l'administration", a déclaré à l'AFP le témoin Chamil Mourat.

Selon lui, le bâtiment a pris feu "jusqu'au premier étage".

A Bichkek, l'accès à l'internet était bloqué et les communications téléphoniques perturbées. La police a interpellé l'ex-candidat de l'opposition à la présidentielle à la suite d'un face-à-face tendu avec des manifestants qui tentaient de le protéger à son domicile. "Nous étions ensemble à l'intérieur de sa maison, la police a enfoncé la première porte et il est sorti de lui-même", a indiqué à l'AFP Asiel Koutouranova, une députée de l'opposition.

Le ministre de l'Intérieur a de son côté menacé de "réprimer sévèrement" les manifestations de l'opposition "illégales" prévues mercredi.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui se trouve dans la région, s'est dit "préoccupé par les informations faisant état de l'occupation d'un bâtiment gouvernemental à Talas". Il a appelé "toutes les parties concernées à faire preuve de retenue" et au dialogue, selon un communiqué de l'ONU.

Plus tôt dans la soirée, le Premier ministre kirghize, Daniar Oussenov, avait accusé l'opposition de tenter d'organiser un soulèvement armé. "Les autorités ne permettront pas ces actions destructrices, toute tentative de la sorte sera sévèrement réprimée, et les coupables seront punis", a-t-il déclaré.

Ces troubles interviennent après que le Mouvement populaire uni (opposition) avait appelé lundi à des manifestations dans tout le pays contre le président Bakiev.

L'opposition kirghize a multiplié les manifestations et les déclarations antigouvernementales ces derniers mois, accusant le régime de M. Bakiev de chercher à museler les médias indépendants, ainsi que de corruption.

Le président Bakiev a pris le pouvoir il y a cinq ans à l'issue d'une révolution fondée sur des manifestations semblables à celle de mardi à Talas. Depuis, la plupart de ses compagnons de route ont rejoint l'opposition, accusant le chef de l'Etat de dérive autoritaire et de népotisme.

Le Kirghizstan, petite république montagneuse d'Asie centrale, abrite une base aérienne américaine essentielle pour les opérations militaires des Etats-Unis en Afghanistan.

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