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Chaos sous les bombes dans la Bande de Gaza

 
AP, lundi 29 décembre 2008
   

Des détenus terrifiés trébuchant sur des tas de gravats au moment de quitter leur prison bombardée, des femmes courant dans les rues, leur enfant dans les bras, des étudiants poussant des hurlements ou des automobilistes paniqués tentant de s'enfuir au milieu de voitures se percutant les unes après les autres.

Les raids aériens sans précédent lancés samedi par Israël dans la Bande de Gaza ont donné lieu à des scènes de peur, de souffrance et d'horreur.

A travers tout le territoire palestinien, des familles éplorées ont dressé les traditionnelles tentes de deuil devant les maisons. Mais les chaises installées sous ces abris en toile goudronnée de couleur verte restaient largement vides, les habitants se terrant à l'intérieur par crainte de nouvelles frappes aériennes.

Des panaches de fumée grise s'élevant dans le ciel indiquaient à tous les dernières cibles de l'offensive israélienne qui, selon les derniers bilans communiqués lundi, a fait plus de 315 morts et plus de 1.400 blessés.

Les bombardements ont commencé samedi en fin de matinée, au moment où les enfants rentraient de l'école et où les femmes faisaient les courses sur le marché tandis que la police régulait la circulation. Les avions israéliens ont lâché des dizaines de bombes et de missiles lors de raids simultanés sur des installations des services de sécurité du Hamas, qui contrôle l'étroite bande côtière depuis son coup de force en juin 2007.

Un voile de poussière et de fumée a alors enveloppé ce monde, pour laisser place à un autre paysage rempli d'horreur, racontent des habitants. Des femmes couraient, leurs enfants dans les bras, des étudiants en uniforme hurlaient et des véhicules s'entrechoquaient alors que des automobilistes essayaient de se mettre à l'abri.

Morts et blessés ont été aussitôt évacués en véhicules vers des hôpitaux.

Des gens portaient des couvertures contenant des morceaux de corps. "J'ai une tête ici", a hurlé un homme en arrivant à la réception de l'hôpital Al-Chifa de Gaza. La police les a orientés vers la morgue de l'établissement, mais le lieu ne pouvait déjà plus accueillir de corps samedi après-midi. Une femme morte vêtue d'une robe brodée gisait sur le sol, le visage couvert de sang. Des hommes cherchant des proches se tapaient la tête par terre, en pleurs et impuissants.

A l'hôpital Al-Chiba qui, comme d'autres, a été été rapidement submergé par l'afflux de victimes, des blessés étaient assis dans les couloirs, repoussant les médecins en leur disant de s'occuper des cas les plus urgents.

Dimanche, une prison a été bombardée dans la principale enceinte des services de sécurité du Hamas à Gaza. La frappe a libéré des dizaines de détenus, qui se sont rués hors de leur cellule, des sacs de vêtements et des couvertures en main alors qu'ils trébuchaient dans leur fuite sur des gravats. Un homme est resté piégé sous les décombres, son visage recouvert d'une poussière blanche et de sang. "Attendez-moi! Sortez-moi de là", criait-il.

A la frontière entre la Bande de Gaza et l'Egypte où, en l'espace de quatre minutes, l'aviation israélienne a détruit 40 souterrains permettant aux Palestiniens de s'approvisionner clandestinement, des centaines de personnes ont tenté de franchir le mur séparant les deux territoires. Des gardes égyptiens ont ouvert le feu au-dessus de la foule, pour essayer de la disperser. Mais des habitants ont alors vainement tenté d'enfoncer le mur au moyen d'un bulldozer, avant d'avoir recours à un engin explosif. Des dizaines d'habitants ont escaladé le mur avant d'être renvoyés vers le territoire.

Mes enfants "pleurent quand ils entendent les avions", confie Amal Hassan, une Palestinienne de 38 ans, mère de trois enfants. "Il se peut que la prochaine bombe tombe ici, il se peut que la prochaine personne tuée soit l'un d'entre nous."