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Les bassidji, force de répression interne en Iran

AP, samedi 20 juin 2009

Ces "petits gardiens de la révolution" sont les personnes les plus craintes dans les rues iraniennes. Composante majeure de l'appareil répressif du régime des mollahs, les bassidji ont tiré sur des protestataires cette semaine à Téhéran. S'ils sont toutefois relativement peu intervenus au grand jour depuis le début des manifestations, des témoins affirment qu'ils agissent la nuit, s'attaquant aux sympathisants de l'opposition à coups de hache, de poignard et autre matraque.

Une fois au moins, ces miliciens pro-gouvernementaux ont ouvert le feu. Lundi soir, selon les médias d'Etat, des miliciens postés sur les toits ont tiré sur des étudiants qui avaient attaqué un local utilisé par les bassidji et tenté d'y mettre le feu. Il y a eu sept morts, selon les médias officiels. La veille, les bassidji avaient participé à un raid de la police dimanche soir dans les dortoirs de l'université de Téhéran.

Si le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, autorise comme il l'a menacé vendredi une répression ouverte contre les partisans de Mir Hossein Moussavi et tous ceux qui réclament une nouvelle élection présidentielle, les bassidji risquent de faire la démonstration de leur force.

Formés dans la foulée de la révolution islamique de 1979, ces miliciens zélés ont fait parler d'eux pendant la guerre Iran-Irak. Il n'était pas rare alors de les voir mener la charge à travers les champs de mines.

Les bassidji, contrôlés par les Gardiens de la révolution*, ces pasdaran qui constituent la garde prétorienne du régime, se sont aussi distingués dans les années 1990. Ces miliciens souvent très jeunes et en civil s'en sont pris aux étudiants en les rouant de coups pendant les manifestations. Une technique d'intimidation réapparue cette semaine pendant les rassemblements de l'opposition.

"Les bassidji ont d'abord servi de chair à canon pour les pasdaran au cours de la guerre avec l'Irak. Aujourd'hui, ils sont là pour faire le sale boulot: intervenir dans les fêtes, harceler les femmes à propos de leur hidjab (foulard islamique) et commettre des violences", commente Meir Javedanfar, spécialiste de la République islamique, lui-même né en Iran et résidant maintenant en Israël.

Les bassidji ont des responsables hiérarchiques dans les mosquées de toutes les villes et localités d'Iran, ce qui fait de cette force de répression interne le réseau de sécurité le plus vaste d'Iran, souligne Mehdi Khalaji, expert en politique iranienne au Washington Institute for Near East Policy.

Les autorités iraniennes chiffrent à cinq millions le nombre de ces miliciens. Interrogé vendredi par l'Associated Press, Mehdi Khalaji parle pour sa part d'un million de membres permanents.

Les Gardiens de la révolution, force paramilitaire répondant aux ordres du Guide suprême, sont considérés comme de farouches partisans du président ultraradical Mahmoud Ahmadinejad. Selon Khalaji, les bassidji ont été chargés de mobiliser les électeurs lors de l'élection de 2005 et du scrutin contesté du 12 juin dernier, officiellement remporté par le président sortant.

Outre leur maigre salaire, les bassidji reçoivent des aides plus ou moins directes du régime, qui facilite notamment leur entrée à l'université ou l'octroi de prêts.

Les membres les plus anciens de la milice se voient attribuer des armes à feu. Les autres, c'est-à-dire la majorité, utilisent des armes rudimentaires comme les bâtons et les aérosols. "Ils portent aussi des pistolets et circulent à moto", précise Khalaji. "Sur leurs engins, ils foncent sur les foules à grande vitesse et frappent les manifestants à coups de matraque électrique."

Certains bassidji rasent leur barbe et portent des jeans pour se fondre parmi les jeunes opposants, infiltrer ces groupes et les attaquer de l'intérieur, ajoute l'expert.

Des photos et des vidéos amateurs sorties d'Iran via Internet ces derniers jours ont montré des attaques ressemblant à ces pratiques dans différentes villes. Ces images ne peuvent toutefois être authentifiées en raison des restrictions imposées par le gouvernement iranien aux médias et aux communications en général.

* Le Corps des Gardiens de la révolution, souvent appelé Gardiens de la Révolution (abrévié GRI) ou Sepah-e Pasdaran - fréquemment abrégé en Pasdaran - est une organisation paramilitaire de la République islamique d'Iran dépendant directement du Guide de la révolution, le chef de l'état iranien.

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