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Violences pendant une marche homosexuelle interdite à Moscou

AFP, le 28 mai 2011

Trois militants occidentaux et plus de 30 Russes ont été interpellées samedi à Moscou au cours d'une marche homosexuelle interdite à deux pas du Kremlin, attaquée par des fondamentalistes orthodoxes et violemment dispersée par la police.

Les violences ont éclaté place du Manège où un groupe d'ultra-orthodoxes brandissant des croix et des icônes attendaient les manifestants qui voulaient déposer une gerbe à la tombe du soldat inconnu - en hommage à la victoire soviétique contre le régime nazi dont les homosexuels furent aussi les victimes.

Dès que les militants gay s'approchaient du lieu préalablement bouclé par la police, ils se faisaient attaquer.

Ils étaient ensuite plaqués au sol, ainsi que leurs assaillants, et conduits vers des camionnettes devant des touristes étrangers abasourdis se promenant sur la place Rouge par ce samedi ensoleillé.

Les manifestants scandaient "La Russie sans homophobie!" tenant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "La Russie n'est pas l'Iran!".

Trente-quatre personnes ont été interpellées dont la majorité a été relâchée en fin d'après-midi.

Parmi elles figuraient deux militants américains, Dan Choi, de l'association contre l'interdiction faite aux homosexuels de servir dans l'armée, et Andy Thayer, du "Gay liberation Network", ainsi que le Français Louis-George Tin qui préside le comité Idaho contre l'homophobie.

"Ils nous ont interpellés de manière très grossière", a déclaré M. Tin à l'AFP, ajoutant qu'il avait été insulté en anglais par des policiers russes.

Elena Kostioutchenko, journaliste du journal d'opposition Novaïa Gazeta, qui a manifesté pour la reconnaissance des droits civils des lesbiennes, a raconté sur la radio Echo de Moscou qu'elle avait été hospitalisée après avoir été frappée sur la tempe par un orthodoxe.

Le militant britannique Peter Tatchell, pionnier des défilés en faveur de l'égalité des droits pour les homosexuels, a salué le courage des homosexuels russes qui "se sont rassemblés près du Kremlin sachant qu'ils avaient de fortes chances d'être arrêtés et battus par les néo-nazis".

Des fondamentalistes orthodoxes ont expliqué qu'ils devaient empêcher la gay-pride.

"Dieu a brûlé Sodome et Gomorrhe, et il brûlera aussi Moscou si nous laissons ça se produire", a dit l'un d'eux, Léonid Simonovitch-Nikchitch, évoquant un passage de la Bible utilisé pour tenter de justifier la répression de l'homosexualité.

Il a ensuite déchiré et piétiné une photo du chanteur britannique Elton John, lui-même homosexuel et qui fait figure d'icône dans le mouvement.

Depuis leur première demande en 2006, les homosexuels russes n'ont jamais obtenu le droit de manifester à Moscou et toutes leurs tentatives ont été dispersées sans ménagement par la police, sous l'impulsion de l'ex-maire de Moscou, Iouri Loujkov, un habitué des propos homophobes.

M. Loujkov a été remplacé fin 2010 par Sergueï Sobianine, un proche collaborateur du Premier ministre Vladimir Poutine.

"La répression de samedi met une croix sur la réputation internationale du maire Sobia nine. La Russie a une nouvelle fois fait preuve d'une sauvagerie Digne de l'âge des cavernes", a déclaré à l'AFP le chef de GayRussia, Nikolaï Alexeïev, qui avait décidé de ne pas participer à la manifestation.

Lioudmila Alexeïeva, présidente du groupe Helsinki, a noté que la dispersion d'une manifestation "pacifique" était "le signe d'un Etat non-civilisé et non-démocratique".

Les homosexuels russes refusent de se plier à l'interdiction de défiler, qui reflète selon eux "l'idéologie homophobe, nationaliste et cléricale" du pouvoir russe, très proche de l'Eglise orthodoxe.

Ils en appelaient au récent arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) contre la Russie, disant qu'interdire de telles manifestations constitue une discrimination et une atteinte au droit de réunion.



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