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Kwan-li-so, le goulag nord-coréen scruté par les Nations unies

Libération, le 5 avril 2012

Au moment où la Corée du Nord s’apprête à célébrer, le 15 avril, le centième anniversaire de la naissance de son père fondateur, Kim Il-sung, deux rapports d’enquêtes et de témoignages viennent rappeler la réalité du goulag dans la dynastie des Kim. Publiés hier, les deux documents prônent une action urgente de l’ONU.

Quels sont les objectifs des rapports ?

Le premier est un état des lieux et un outil juridique pour éclairer la situation des prisonniers politiques en Corée du Nord. Il est soutenu par une quarantaine de grandes ONG regroupées dans la Coalition mondiale pour mettre un terme aux crimes contre l’humanité en Corée du Nord (ICNK). Il exige que le mécanisme onusien des procédures spéciales soit instauré pour qu’une enquête sur les goulags soit menée de toute urgence. L’ONU avait fait usage de ce système de consultation tous azimuts pour obtenir des informations sur les personnes détenues par les Etats-Unis à Guantánamo. Le second document détaille la situation des proches de Kang Cheol-hwan et Shin Dong-hyuk, deux survivants des camps de concentration nord-coréens ayant fui au sud.

Qu’est-ce que Kwan-li-so ?

C’est l’autre nom du goulag nord-coréen que l’on connaît mieux depuis la publication de Hidden Gulag en 2003 par le comité américain pour les droits de l’homme en Corée du Nord. Entre 150 000 et 200 000 personnes seraient internées dans six camps nichés dans le nord du pays. Placés sous la coupe de l’Agence de la sécurité nationale, tous sont des forteresses qui fonctionnent en autarcie. Les tortures, exécutions, travaux forcés sont le quotidien des prisonniers - adultes comme enfants -, qui doivent également affronter le froid sibérien, les dénonciations et les famines. Les rations alimentaires sont si insuffisantes qu’un ancien garde du Camp 22 a noté qu’entre 1 500 et 2 000 prisonniers mouraient de faim chaque année. Certains régurgitent leurs aliments, d’autres s’empêchent de déféquer pour garder le ventre plein. L’ICNK avance que 400 000 prisonniers sont morts dans ces camps depuis leur création, en 1953.

Quelles sont les victimes du goulag ?

Tous ceux qui «agissent mal», «pensent mal», ont de «mauvaises fréquentations» ou pratiques religieuses, et les familles ayant des transfuges dans leur rang. Pour ce délit, Pyongyang a inventé la culpabilité par association. Ce qu’avait théorisé Kim Il-sung en 1972 : «La semence des ennemis de classe, quels qu’ils soient, doit être éliminée sur trois générations.» Kim Jong-un, son petit-fils arrivé au pouvoir en décembre, a conservé les préceptes.


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