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Les Ouïgours de Guantanamo ne seront pas relâchés sur le sol américain

   
AFP, le 18 février 2009

Dix-sept Chinois musulmans ouïgours détenus à Guantanamo depuis sept ans et blanchis depuis cinq ne peuvent pas être relâchés sur le sol américain comme ils le demandaient, a ordonné mercredi une cour d'appel américaine infirmant une première décision de justice.

Les juges de la cour d'appel fédérale de Washington ont estimé que la justice n'était pas compétente pour décider qui devait légalement entrer aux Etats-Unis, un pouvoir qui ne relève selon eux que de l'exécutif et du Congrès.

La cour d'appel avait été saisie le 8 octobre par le gouvernement Bush au lendemain du feu vert surprise donné par le juge fédéral Ricardo Urbina à la libération de ces 17 hommes dans la capitale fédérale, où vit une importante communauté ouïgoure.

C'est la première fois que la justice américaine était saisie d'une telle demande par des détenus de Guantanamo. Mais le cas de ces Chinois musulmans et turcophones a toujours été à part dans l'histoire de Guantanamo.

Ils y sont en effet enfermés depuis sept ans alors même que le Pentagone les a blanchis de toute accusation depuis cinq. Mais ils ne peuvent être renvoyés en Chine malgré les demandes répétées de Pékin, parce que la minorité ouïgoure y fait l'objet de persécutions.

En l'absence de pays tiers pour les accueillir, ils sont donc toujours détenus dans la prison la plus controversée du monde.

"La cour (d'appel) a soutenu, sans exception, le pouvoir exclusif des corps législatif et exécutif pour décider quel étranger pouvait ou ne pouvait pas entrer sur le sol américain et dans quelles conditions", affirme le juge Raymond Randolph qui a rédigé l'arrêt.

Outre les considérations relevant du statut d'immigration sous lequel les 17 hommes s'installeraient aux Etats-Unis à la demande de la justice, il a révoqué les arguments de "circonstances exceptionnelles" soulevées par la défense.

La défense affirme qu'"ils méritent d'être relâchés dans le pays aux mains duquel ils ont enduré de longues épreuves", explique M. Randolph. Mais "un tel sentiment, aussi noble soit-il, ne représente pas une base légale pour bouleverser une loi bien établie et outrepasser les prérogatives" incombant à l'exécutif et au Congrès, ajoute-t-il.

Dans une lettre aux secrétaires à la Défense Robert Gates et ministre de la Justice Eric Holder, le 23 janvier, leurs avocats "pressaient le gouvernement de relâcher les Ouïgours, immédiatement, dans le seul endroit où ils peuvent l'être, aux Etats-Unis", en vertu d'une décision politique qui s'imposerait à la décision de la cour d'appel, que tout le monde attendait négative.

Pour eux en effet, "ce serait juste" mais aussi "dans notre intérêt national" puisque ce geste de bonne volonté des USA "encouragerait d'autres pays à accueillir d'anciens détenus de Guantanamo blanchis et qui ne peuvent retourner dans leur pays".

La veille, la Maison Blanche avait affirmé qu'elle ne pouvait "pas imaginer" renvoyer les Ouïgours en Chine.

Seule l'Albanie a jusqu'ici accepté d'accueillir cinq anciens détenus de Guantanamo, en l'occurence des Ouïgours. Il y a actuellement selon le Pentagone une soixantaine d'hommes à Guantanamo blanchis mais qui ne peuvent être transférés.

Les 17 Ouïgours faisaient partie d'un groupe installé dans les montagnes afghanes pour fuir les persécutions en Chine. A l'automne 2001, apeurés par les bombardements, ils ont fui vers la frontière pakistanaise où ils ont été arrêtés par des chasseurs de prime qui les ont vendus aux Américains.