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Allemagne : des demandeurs d'asile en grève de la faim à la Porte de Brandebourg

AFP, le 31 octobre 2012

Affrontant le froid et la pluie, des demandeurs d'asile sont en grève de la faim depuis une semaine à la Porte de Brandebourg, à Berlin, pour protester contre des conditions de séjour qu'ils jugent inhumaines en Allemagne.

Enveloppé dans un épais blouson recouvert de plastique pour se protéger d'un crachin glacial, Houmer Hedayatzadeh, qui se présente comme un étudiant iranien de 23 ans pourchassé dans son pays, ne se nourrit plus depuis mercredi dernier et se contente d'un peu d'eau et de thé.

Avec une dizaine d'autres réfugiés venus comme lui d'Iran, d'Afghanistan et d'Irak, il a entamé une grève de la faim "pour protester contre la situation des réfugiés en Allemagne et pour l'arrêt des renvois dans leurs pays", explique-t-il à l'AFP.

Le petit groupe de protestataires est installé à la Porte de Brandebourg, monument symbole de l'Allemagne où se pressent touristes, faux soldats américains posant pour les photos souvenirs et statues humaines.

Ils sont assis ou allongés à même le pavé froid et humide, des parapluies les protègent un peu mais les quelques policiers qui les surveillent empêchent l'installation de matelas ou même de sacs de couchage.

Un homme venu leur apporter des tapis de sol en signe de solidarité se fait fermement renvoyer par la police. Quelques invectives et injures volent.

"Il n'y a pas eu d'autorisation pour une manifestation permanente", explique un porte-parole de la police. "C'est pour cette raison qu'un campement ne peut être dressé".

Trois personnes ont été provisoirement interpellées mardi soir pour avoir tenté d'enfreindre l'interdiction, selon la radio locale RBB.

"Nous ne sommes pas autorisés à déployer des couvertures chaudes pour nous protéger du froid. Avec des températures qui peuvent commencer à être négatives la nuit, la situation peut difficilement être pire", poursuit Houmer Hedayatzadeh, un couvre-chef en fourrure grise enfoncé jusqu'aux yeux.

Les réfugiés ont néanmoins étalé quelques banderoles. "Aucun homme n'est illégal", "Réfugiés en grève de la faim", "Fermez les camps de réfugiés", y lit-on en lettres roses ou noires.

Tous dénoncent les conditions d'accueil des demandeurs d'asile, notamment l'assignation à résidence durant l'examen de leur dossier. "Nous n'avons pas le droit de nous déplacer en Allemagne, nous sommes assignés à une circonscription", raconte Jegr Osman Assad, venu d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien.

"Je voudrais m'intégrer mais je n'ai pas le droit de chercher un travail, ni même de prendre des cours d'allemand", explique-t-il par le bais d'un "traducteur", un jeune Berlinois venu manifester sa solidarité.

"Les conditions d'accueil sont inhumaines", dénonce cet homme de 30 ans arrivé en Bavière (sud) l'an dernier.

Beaucoup dénoncent des foyers d'accueil bondés. Depuis le début de l'année, le nombre de demandeurs d'asile a grimpé de 24% à 40.201, principalement en provenance d'Afghanistan (13,4%), de Serbie (10,3%) et d'Irak (9,8%).

A Berlin, les autorités locales, débordées, évoquent "une augmentation énorme". Il est envisagée l'installation de conteneurs pour répondre temporairement à l'urgence.

Houmer Hedayatzadeh raconte avoir été poursuivi par la justice iranienne pour avoir participé à des manifestations étudiantes après l'élection présidentielle de 2009. Il aurait fui via la Turquie, la Grèce et l'Italie avant d'être interpellé par la police allemande et placé dans un centre de réfugiés "à la frontière tchèque".

Las des conditions de vie dans ce centre, il a rejoint un groupe de réfugiés avec qui il a effectué près de 600 km à pied de Wurtzbourg (Bavière) à Berlin pour réclamer un changement de politique des autorités allemandes.
Avant de s'installer Porte de Brandebourg.

"Nous y resterons jusqu'à la mort s'il le faut", assure Jegr Osman Assad.



   
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