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Hamid Karzaï ordonne un réexamen du statut personnel chiite

Reuters, le 4 avril 2009

Le président afghan Hamid Karzaï a jugé samedi hors de propos les critiques formulées par les puissances occidentales à l'encontre d'une nouvelle loi sur le statut personnel de la minorité chiite d'Afghanistan, mais il a promis qu'elle serait au besoin remaniée.

Cette loi, qui vise à légaliser le code de la famille de la minorité chiite, différent de celui de la majorité sunnite, a aussi été dénoncée par des législateurs afghans qui estiment qu'elle restreint les droits des femmes.

Le texte a été adopté par le Parlement et signé par Karzaï mais il n'est pas encore entré en vigueur car il n'a pas encore été publié au Journal officiel.

Ses détracteurs affirment qu'il légalise le viol conjugal mais Karzaï a assuré que ces critiques relevaient d'une mauvaise traduction ou d'une mauvaise interprétation de la loi.

Le président afghan a déclaré à des journalistes que les critiques et les inquiétudes exprimées ne correspondaient pas au texte qu'il a pu lire et il a annoncé que le ministre de la Justice s'exprimerait en détail à ce sujet dimanche après avoir étudié la loi "très, très attentivement".

"S'il y a quoi que ce soit qui nous inquiète, alors bien sûr nous agirons en consultation avec nos oulémas (religieux) et nous renverrons le texte au Parlement", a-t-il assuré.

En marge du sommet de l'Otan, à Strasbourg, Barack Obama a jugé cette loi "odieuse". "Il est très important pour nous d'être ouverts aux cultures locales, mais nous estimons également que doivent prévaloir certains principes fondamentaux à toutes les nations, dont le respect des femmes, de leur liberté et de leur intégrité", a ajouté le président américain.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a déclaré lors d'une conférence de presse avoir exprimé samedi par téléphone ses préoccupations à Karzaï et lui avoir "réclamé l'assurance" que la loi ne porterait pas atteinte aux droits des femmes.

"Les gens n'accepteront pas que des soldats britanniques s'emploient à rendre l'Afghanistan plus sûr si les droits des femmes ne sont pas respectés comme il convient dans le pays", a noté Brown, dont le pays est le deuxième contributeur en terme d'effectifs aux opérations de l'Otan en Afghanistan.

SOCIÉTÉ CONSERVATRICE

A Rome, le ministre de la Défense, Ignazio La Russa, a déclaré que l' Italie pourrait retirer son personnel militaire féminin d'Afghanistan afin de protester contre la nouvelle loi qu'il juge contraire aux valeurs justifiant la présence de forces italiennes dans le pays.

A Berlin, le ministère allemand des Affaires étrangères a fait savoir que le ministre, Frank-Walter Steinmeier, s'était entretenu samedi par téléphone avec son homologue afghan Rangeen Dadfar Spanta et lui avait fait part de ses préoccupations.

L'article 132 de la loi, que Reuters a pu consulter, dit qu' "une épouse est tenue de satisfaire les désirs sexuels de son mari".

Il stipule aussi qu'un mari doit passer une nuit sur quatre avec son épouse, avoir des relations sexuelles avec elle au moins une fois tous les quatre mois et qu'une femme doit se maquiller si son mari le réclame.

L'article 137 dit aussi qu'une femme ne peut hériter d'aucun bien de son mari à son décès.

Des amendements ont porté l'âge pour le mariage des femmes de neuf à seize ans et autorisé la femme à sortir seule de son domicile pour se faire soigner, aller travailler ou étudier.

Les droits des femmes afghanes se sont améliorés depuis le renversement du gouvernement taliban, en 2001, qui interdisait aux femmes de travailler, d'aller à l'école ou de quitter leur domicile sans être accompagnées d'un parent de sexe masculin.

L'Afghanistan reste néanmoins une société musulmane profondément conservatrice, en particulier dans les campagnes, et le gouvernement de Kaboul doit en tenir compte.

Certaines responsables chiites ont dit approuver le principe d'une telle loi car elle reconnaît les différences existant entre les communautés chiite et sunnite, mais sous sa forme actuelle, elles jugent le texte inacceptable.

Certains députés ont avancé que Karzaï s'était empressé de signer la loi dans la perspective de l'élection présidentielle du 20 août où les Chiites, qui représentent 15% environ de l'électorat, pourraient bien jouer les arbitres.

 

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